Bridgestone

L’abandon des repreneurs pneumaticiens

par Philippe Allienne
Publié le 12 février 2021 à 13:05

Après la claque infligée aux salariés de Bridgestone, à Béthune, et au bassin d’emploi, on aurait pu croire qu’une reprise du site était possible avec maintien d’une production de pneumatiques. Une idée et un espoir qui s’éloignent à vitesse grand V.

Un document confidentiel de 57 pages, produit par BPI Group, fait état d’un point d’avancement de la recherche de repreneurs pour le site béthunois. On y apprend que 724 contacts ont été établis dont 43 pistes identifiées, 32 accords de confidentialité signés et sept visites de site réalisées. Plusieurs scénarios ont été étudiés dont la reprise de l’ensemble du site par un fabricant de pneus. Mais finalement, le document nous apprend que les projets de reprise par un pneumaticien ont été abandonnés. On s’orienterait maintenant davantage vers un projet d’hôtel industriel avec trois activités : du rechapage de pneus, de la logistique et du recyclage. Dans les trois cas, Bridgestone serait dans la boucle pour fournir ou prendre des volumes et il n’y aurait pas de destruction du site. Les trois activités pourraient employer 335 à 485 personnes. Il s’agit, lit-on dans le document « de créations d’emploi sur le site et accessibles aux salariés de Bridgestone ». Rappelons que ceux-ci étaient 863 au moment de l’annonce de la fermeture définitive du fabricant japonais.

En finir avec le dossier

Le document est peu disert sur les raisons de l’abandon des projets de pneumaticiens. Mais on comprend, à la lecture du calendrier, qu’il y a une volonté d’en finir rapidement avec le dossier Bridgestone Béthune. La date limite pour signer le PSE était fixée à ce 11 février. Ce samedi 13 février est le dernier délai pour déposer les offres de reprise. La semaine du 15 février sera celle de la finalisation de la reprise. Circulez, il n’y a plus rien à voir ! Reste que la lecture de ce point d’avancement nous laisse sur notre faim. S’agissant des pneumaticiens, on sait qu’il existait deux pistes sérieuses : une chinoise et une indienne. Les Chinois (le groupe Linglong) envisageaient même de développer leur activité à Béthune dès cette année. Ces ex-repreneurs potentiels semblaient marquer un intérêt fort pour une implantation en Europe avant la mise en place de quotas d’importation. Les observateurs se demandent avec raison pourquoi les Indiens et les Chinois ont abandonné l’idée de reprendre le site. Le marché européen ne les intéresserait plus ? Ou alors, faut-il soupçonner Bridgestone ou l’État de ne pas être intéressés par leurs projets ? Bridgestone semblait pourtant disposée à aider ces implantations possibles en leur faisant profiter, par exemple, de son réseau de distribution de pneus. Quant à l’État, il avait une opportunité de se sortir de cet épineux dossier avec les honneurs. En tout cas, Bridgestone a bien annoncé son intention de déménager ses moules en Italie et en Espagne, avec 200 emplois à la clé. C’est donc bien que les marchés et les volumes existent.