© Jacques Kmieciak
Douvrin

La fin programmée de Stellantis

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 14 juillet 2022 à 17:32

L’usine Stellantis (ex-Française de mécanique) est-elle condamnée à terme ? La CGT le redoute. Elle appelle les salariés à se mobiliser dès la rentrée « pour contrer la propagande du patronat et des syndicats réformistes et empêcher la fermeture de l’usine ».

La production sur le site de Douvrin d’un moteur de troisième génération (EB 3 Gén) susceptible d’équiper des véhicules hybrides n’est plus à l’ordre du jour. La direction l’a annoncé lors d’un récent comité social et économique. L’avenir paraît donc bien incertain pour cette entreprise fondée en 1969 par Renault et Peugeot, dans le cadre de la reconversion du Bassin minier. Elle a employé jusqu’à 5 000 salariés. Ils ne sont plus que 1 400 aujourd’hui (dont 200 intérimaires) à fabriquer des moteurs DV-R (diesel) et EP (essence) respectivement promis au site de Trémery (Moselle) et à la Hongrie. L’arrêt de leur production est programmé à l’été 2023 et fin 2024. En l’absence de l’EB Gén 3, son prédécesseur, l’EB Gén 2, aurait pu continuer à susciter de l’activité à moyen terme. Or « la norme antipollution Euro 7 devrait prochainement être adoptée par l’Union européenne. Elle rendra ce moteur invendable dès 2025 », avance Fabrice Jamart, le secrétaire général de la CGT PSA Douvrin.

Chantage à l’emploi ?

Signé en février dernier par les syndicats réformistes dont FO (majoritaire), un accord prévoit le transfert d’un maximum de 400 travailleurs vers la future usine de batteries voisine ACC qui a pour actionnaires Stellantis, Total et Mercedes. Des centaines d’ouvriers resteront inévitablement sur le carreau « d’autant que cette offre est faite à l’ensemble du personnel de PSA. Des salariés du site de Valenciennes qui fabrique des boîtes de vitesse, sont ainsi tout autant concernés », fait remarquer la CGT. Des promesses d’embauche contre l’assurance d’une paix sociale ? Tel serait le pari de la direction. « On a fait comprendre aux salariés que s’ils bougeaient, s’ils râlaient, ils n’auront pas leur place à ACC », révèle Fabrice Jamart qui s’indigne de ce chantage à l’emploi ! La CGT ne désespère cependant pas de rallumer la flamme de la contestation dès la rentrée.

Le soutien de parlementaires communistes

Elle a reçu la visite de Bertrand Péricaud. L’assistant parlementaire de Cathy Apourceau, s’est dit soucieux de faire toute la lumière « sur le montant des subventions publiques perçues par Stellantis ». La sénatrice s’est par ailleurs fendue d’un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances. Elle s’y inquiète des incertitudes qui pèsent sur la réussite future d’ACC. Carlos Tavares, le directeur général de PSA, « ne semblant pas convaincu par le passage au tout électrique » exigé par l’Union européenne à l’horizon 2035. La preuve ? Stellantis est « en train d’investir en Italie dans la production d’un nouveau moteur diesel répondant aux normes Euro 7 », soutient la sénatrice qui revendique le maintien de la production de moteurs thermiques à Douvrin.