Grève chez Capitaine Houat, à Boulogne-sur-Mer

La prime qui fâche les salariés

par Bruno ARNOULT
Publié le 2 juillet 2021 à 14:11

L’usine de découpe et conditionnement de poisson implantée dans la zone Capécure, à Boulogne-sur-Mer, vit un conflit social depuis le 17 juin. En cause : une prime de 500 euros attribuée de façon discriminatoire.

Dans la matinée de mardi 22 juin, c’est aux cris de « nous aussi on veut 500 euros » qu’a été accueilli le directeur du site boulonnais de Capitaine Houat par le personnel gréviste massé devant l’entrée de l’usine. Sans un mot, la tête basse, il a rapidement rejoint son bureau pour ne plus en sortir de la journée, ni même d’ailleurs les jours suivants. Capitaine Houat appartient au pôle agroalimentaire du groupement Les Mousquetaires et approvisionne en produits de la mer les magasins Intermarché. Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, les salariés ont répondu présent, l’usine n’a connu aucune interruption d’activité, et cela au prix d’une cinquantaine de cas positifs. La grève est massive : 80 % du personnel de production, la maintenance et même des chefs d’équipe.

Année faste

Ce qui a mis le feu aux poudres c’est la décision de la direction d’accorder une prime de 500 euros à deux salariés pour « bonne idée » (ça ne s’invente pas). Le syndicat CGT a saisi la balle au bond et a demandé à la direction d’avoir, elle aussi, une « bonne idée » et d’accorder une prime exceptionnelle à l’ensemble du personnel. Prime que le syndicat juge amplement justifiée et juste retour des choses puisque le groupement Intermarché a connu une année 2020 faste (à l’image de tout le secteur de la grande distribution), avec une forte progression des ventes et des gains de parts de marché, notamment sur l’alimentaire. Les négociations qui ont eu lieu jeudi entre le syndicat CGT et la direction nationale du groupement (les dirigeants locaux avaient été écarté) n’ont pas permis d’aboutir. La proposition avancé d’une prime 275 euros brut, dont le versement n’interviendrait pas avant novembre, et à condition que des gains de productivité soient réalisés, a été rejetée par les grévistes. En clair, si vous voulez une prime, vous vous la payez en aggravant vos conditions de travail.

Autres formes d’action

Décision a été prise de poursuivre la lutte sous d’autres formes : limitation de la journée de travail à 5 heures 30 minutes (qui correspond à un strict respect des 35 heures par semaine sur six jours de travail), refus d’exécuter des heures supplémentaires, déclenchement d’une expertise sur les risques psychosociaux. Le Capitaine et ses Mousquetaires n’avaient jamais connu un tel mouvement qui a fait la une des médias nationaux, écornant sérieusement l’image de « patron social » qu’ils veulent se donner. Mais quel que soit l’habillage, la réalité est là : c’est une gestion capitaliste que subissent les salariés.