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Dans les Hauts-de-France

La réindustrialisation n’est pas au rendez-vous

par Philippe Allienne
Publié le 24 septembre 2021 à 13:56

La nouvelle est tombée en août dernier, alors que 80 % des salariés étaient en congés. L’usine Schaeffler, à Calais, a annoncé son intention de vendre ses activités liées aux chaînes de distribution pour moteurs thermiques. L’acquéreur est un investisseur bavarois. La sénatrice communiste du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly a écrit à la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher pour la questionner sur le devenir des 280 salariés en CDI et des 40 CDD. Cette information est un des exemples qui viennent contrarier les grandes envolées gouvernementales sur les projets de réindustrialisation du pays (lire aussi « Réindustrialiser, mais comment ? »). Car se débarrasser des moteurs thermiques au profit du tout électrique ne conduit pas forcément à une réindustrialisation vertueuse. Selon le syndicaliste (CGT) Ludovic Bouvier, le passage du véhicule thermique au véhicule électrique se traduirait par 140 000 suppressions d’emplois. D’autant que, pour remplacer les entreprises qui ferment ou délocalisent, comme Bridgestone à Béthune, il faut de gros investissements. Les usines de batteries électriques qui sont prévues dans le secteur ne combleront sans doute pas les pertes d’emploi. Même chose pour des entreprises comme l’usine de rechapage qui s’installe sur le site de l’ancien spécialiste du pneumatique : elle n’emploiera que 60 à 120 personnes. « Si l’on réduit la production de véhicules, il y aura fatalement des conséquences pour les équipementiers », prédit Bertrand Péricaud, l’assistant parlementaire de Cathy Apourceau. D’ores et déjà, de grosses inquiétudes planent sur l’entreprise Faurécia, à Auchel. Dans la région, d’autres entreprises souffrent en raison de la facture énergétique. Cela semble bien être le cas pour le verrier Arc International. L’entreprise avait été recapitalisée. Elle s’était engagée à terminer l’année avec 30 millions d’euros. Il lui en manquera 20. « La hausse du prix du gaz est très douloureuse pour les entreprises », dit encore Bertrand Péricaud. Arc International fonctionne avec des fours alimentés au gaz. Parmi les projets qui émergent dans la région, on distingue une plateforme logistique qui créera 500 emplois à Bully-les-Mines et une plateforme d’Amazon à Calais avec 250 emplois à la clé. Mais encore une fois, on est loin des projets de réindustrialisation. D’autant que la logistique est davantage tournée vers une logique importatrice. Tout le contraire d’un tissu industriel qui est orienté vers l’exportation.