Pourtant, la direction de Cargill a du mal à digérer les premières conclusions du cabinet Progexa. Mandaté par le Comité social et économique (CSE), à majorité CGT, il s’est penché sur la réalité du site haubourdinois et sur la pertinence du plan social (voir notre édition 1411 du 17 janvier). Or, Jean-Vincent Koster et Marine Valverde sont formels : ils ne croient pas à la non-rentabilité du site. Ils l’ont démontré point par point. Or, la non-rentabilité est un argument phare de Cargill pour restructurer, changer le process et supprimer l’actuelle amidonnerie.
« Huile sur le feu »
Comme l’avocat Fiodor Rilov, qui entend faire suspendre le plan de restructuration (et donc les licenciements) en attendant des précisions de la part de la direction, ils réclament l’accès aux vrais chiffres, ceux qui sont censés montrer la réalité de l’entreprise. Ils ne les ont pas obtenus. Enfin, les experts ont noté un accroissement des tensions depuis l’annonce du PSE le 21 novembre 2019. Ces tensions semblent laisser la direction indifférente. Au contraire, laisse entendre Progexa, on a l’impression qu’elle tente de les raviver en « mettant de l’huile sur le feu ».
La mise à pied pour trois semaines d’un salarié n’arrange rien. Cette mesure a été prise après l’AG du 10 janvier au cours de laquelle Philippe Capaces, le cadre chargé de mener la restructuration à terme, a été contraint de quitter la salle sous la pression des salariés. Le salarié mis à pied a appris la décision de la direction le 17 janvier, quand on lui a interdit de rentrer dans l’usine. Il n’avait alors pas été informé par courrier recommandé comme la loi l’exige. Les salariés organisent d’ailleurs un rassemblement devant le site, ce vendredi 7 février à 16 h, pour soutenir leur collègue.
Recours
Forts de ces arguments, les experts de Progexa, qui mettent en avant les conséquences de cette ambiance sur la santé des salariés, comptent présenter un recours auprès de la Direccte. Objectif : demander un report du PSE, dont la dernière réunion préparatoire est prévue le 27 février.
Autre dossier : la Négociation annuelle obligatoire (NAO) a démarré le 22 janvier. Les salariés demandent des adaptations eu égard à la situation actuelle. La CGT a écrit en ce sens au président de la SAS Cargill Haubourdin, Benoît Gode. Elle a aussi présenté une liste de 16 revendications, à commencer par une augmentation générale de 3 %.