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Batteries électriques et grandes annonces

Où est la vraie stratégie industrielle ?

par Philippe Allienne
Publié le 30 juillet 2021 à 18:45 Mise à jour le 23 août 2021

L’annonce du développement de la filière électrique en laisse perplexe plus d’un. Il y a ainsi trois projets dans la région : à Douai, à Maubeuge et sur l’ex-site de la Française Mécanique.

Renault, par exemple, a annoncé dès 2018 la création d’une plateforme de véhicule électriques à Douai. Elle devait ainsi devenir la deuxième usine de voitures non thermiques du groupe dans le cadre d’un plan d’investissement de plus d’un milliard d’euros en France sur la durée du plan stratégique 2017-2022. Cet investissement dans le développement et la production de véhicules électriques vise à préparer l’accélération du déploiement à venir de modèles non thermiques, indispensable pour répondre au durcissement des normes européennes de CO2 et aux limitations croissantes pour la circulation en ville. « L’accélération de nos investissements en France pour le véhicule électrique va permettre d’améliorer la compétitivité et l’attractivité de nos sites industriels français », déclarait à l’époque le PDG de groupe Carlos Ghosn. D’autres investissements ont été annoncés à la même époque à Maubeuge pour préparer la prochaine génération de la Kangoo. On connait les annonces faites cette année avec notamment les sites de production de batteries électrique. Reste que rien n’est sûr quant à l’avenir d’un tout électrique pour l’industrie automobile. La question de l’autonomie demeure par exemple posée. Celle du coût, pour les consommateurs, l’est tout autant. Quant au bilan environnemental, il reste à prouver et à préciser. C’est que cette stratégie est inspirée par la politique de la Commission européenne qui préconise l’interdiction de la vente de voitures thermiques à partir de 2035. Une telle stratégie risque de se révéler dangereuse face à la montée en puissance de la concurrence internationale et notamment de la Chine. Sans compter que si la production nationale, en l’occurrence régionale pour le Nord, s’avère insuffisante, il faudra importer des batteries. On le ferait de Chine par exemple, c’est-à-dire d’un pays qui produit à base de charbon. Sur le plan planétaire, l’environnement n’y trouve pas son compte. Il importe donc de penser à la fabrication, sous normes européennes, de batteries recyclables à 100% et opérationnelles très rapidement. D’ici là, les véhicules hybrides pourraient être développés parallèlement à l’utilisation de véhicules thermiques à faible consommation de carburant. Pour l’économiste Christian Saint-Etienne, ce n’est pas vers ce schéma que nous nous dirigeons. Pour lui, imposer le tout véhicule électrique à partir de 2035 (en refusant la vente des véhicules à essence) revient à produire des batteries électriques non recyclables dès 2025. Il estime que l’Europe se montre trop dogmatique en promouvant une vertu écologique au détriment d’une véritable stratégie industrielle. Au contraire des Européens, dit-il, les Américains et les Chinois ne réduisent pas l’écologie à un dogme. Pour eux, elle est une arme de combat. Chez nous, les effets néfastes de la désindustrialisation n’ont pas fini de nous faire mal.