« Notre démarche a commencé à produire ses effets » . Pour l’avocat du CSE (donc des salariés de l’usine d’Haubourdin), l’heure est plutôt à l’optimisme, à condition bien sûr que la mobilisation ne faiblisse pas. Me Fiodor Rilov le réaffirme : « Nous voulons toujours la suspension du plan et le blocage des licenciements qu’il prévoit. » Les raisons d’être optimiste tiennent, pour lui, à l’attitude-même de la direction. Restée sourde aux demandes du personnel depuis l’annonce de la restructuration du site et de la suppression de 183 postes, le 21 novembre dernier, elle n’a pratiquement fourni aucune explication et très peu de précisions quant à son projet industriel.
Modification du projet
C’est d’ailleurs sans préciser ses motivations qu’elle propose d’elle-même de repousser la période de consultation du PSE d’un mois (au lieu de deux semaines comme elle le suggérait début février). Très certainement, analyse le cabinet Progexa, craint-elle une suspension beaucoup plus longue, voire un rejet par les instances compétentes. Il lui faut aussi mieux se préparer pour présenter ses propositions et son projet à la Direction du travail.
De fait, la direction de Cargill Haubourdin a modifié son projet au moment où l’avocat des salariés s’apprêtait à plaider devant le TGI (tribunal de grande instance). Selon la CGT, seul un secteur réunissant la raffinerie et la centrale énergie subsistera. Il s’agit en fait d’une réorganisation interne. « Par ailleurs, les salariés passeront à une rythme 7/8 toute la semaine » , explique DorianValois, le délégué CGT de l’usine.
En revanche, il n’y a toujours pas de précisions sur le nombre exact de licenciements. Rien non plus sur les conséquences en matière de conditions de travail et de santé et les mesures de prévention à mettre en œuvre si le plan est effectivement réalisé.
Aussi peu de précisions risquerait donc de conduire la Direccte à refuser son homologation. Pour Me Fiodor, c’est du pain béni. Le 3 mars [jour de l’audience en référé], il ne manquera pas de dénoncer ce qu’il nomme un « tour de passe-passe ridicule » de la direction. Pour lui, les erreurs sont plus visibles encore que dans des affaires emblématiques qu’il a eu l’occasion de plaider.
« Tour de passe-passe ridicule »
Lors de l’Assemblée générale de ce 14 avril, Mickaël Wamen, l’ex-délégué CGT de Goodyear France, à Amiens, est venu galvaniser les salariés de Cargill. Dans la salle, le député Adrien Quatennens (FI) et le sénateur Éric Bocquet (PCF) ont lu le courrier qu’ils ont reçu chacun du ministre Bruno Le Maire en réponses à leurs questions. Le même, à la virgule près, qui assure sa volonté de « veiller à des conditions de départ acceptables pour l’ensemble des parties ». Pas une once de volonté offensive de la part du ministère, observe Éric Bocquet.