Après le confinement

Un vent mauvais sur la sidérurgie du Pas-de-Calais

par Philippe Allienne
Publié le 12 juin 2020 à 11:18

Durant le confinement, le gouvernement n’a pas hésité à évoquer la possibilité de nationaliser temporairement les grosses entreprises en difficulté. D’aucuns ont pu ironiser sur une prétendue « dérive marxiste » du macronisme. Aujourd’hui, l’affaire est oubliée. Pourtant, l’idée n’était pas sotte.

Une entrée de l’État dans le capital d’Arc France (lire Pourquoi pas une entrée dans le capital de l’État ?) , c’est la proposition des parlementaires communistes face à la situation que vit le verrier du Pas-de-Calais. Lorsqu’ils sont allés rencontrer les membres du comité d’entreprise d’Arcelor, à Mardyck (59), Cathy Apourceau-Poly et Fabien Roussel, accompagnés par Karine Trottein (secrétaire de la fédération communiste du Nord) et Delphine Castelli (secrétaire de la section de Dunkerque), ils ont encore entendu parler de cette solution. La CGT de la sidérurgie avait en effet interpellé les parlementaires des Hauts-de-France sur l’opportunité de nationaliser ce secteur industriel. L’un des intérêts d’une entrée dans le capital est de permettre à l’État d’agir plus aisément en cas de difficulté. L’idée reste sans doute à creuser.

Dans le Pas-de-Calais, il est deux autres entreprises sidérurgiques, appartenant au groupe allemand Thyssen, qui suscitent beaucoup d’inquiétude : ThyssenKrupp Electrical Steel Ugo (tôles) qui emploie 550 salariés à Isbergues et Aperam Stainless France (inox avec 450 salariés), également à Isbergues. Et si la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses (chômage partiel, etc.), l’origine de leurs difficultés est bien antérieure. La direction de Thyssen négocie la vente de la première unité avec le chinois Baochan et un groupe suédois. Un projet de fusion est par ailleurs en cours. Dans le Pas-de-Calais également, c’est le sous-traitant Mecaplast (un centre de recherche à Lens et une usine à Libercourt qui produit notamment pour Toyota) qui est en difficulté. Les deux sites emploient 600 salariés. Tous deux sont en redressement judiciaire. Une demande de prêt garanti par l’État (PGE) leur a été refusée par un pool de 12 banques françaises et étrangères. La sénatrice Cathy Apourceau-Poly a interpellé le ministre Bruno Le Maire.