Camaïeu avait tiré sa révérence fin septembre, entraînant le licenciement de 2600 personnes. Deux mois plus tard, la marque n’a pas dit son dernier mot. Lors d’une vente aux enchères début décembre à la salle des ventes Mercier de Vendeville, l’enseigne de prêt-à-porter masculin Celio l’a emportée pour la modique somme de 1,8 million d’euros. Il récupère également dans le portefeuille les noms de domaine et des lots et accessoires.
Placée en liquidation judiciaire le 28 septembre, l’enseigne Camaïeu avait fermé l’ensemble de ses 511 magasins après un ultime week-end de ventes. 25 millions d’euros avaient ainsi été générés. Le reste des stocks de vêtements a été vendu, lors d’une autre vente aux enchères début novembre, au spécialiste du déstockage Noz pour 4,2 millions d’euros.
Une marque reconnue
« C’est une marque qui a une valeur, qui a été leader du prêt-à-porter féminin pendant des dizaines d’années en France et on a l’envie d’essayer de la relancer », avait alors expliqué aux journalistes le président de Celio, Sébastien Bismuth, à l’issue de la vente. Celio et Camaïeu « ont toujours été deux entreprises sœurs, qui avaient le même positionnement », respectivement pour les hommes et pour les femmes, a-t-il ajouté. Toutefois, cette relance « va prendre du temps, on ne va pas du jour au lendemain ouvrir des magasins », a souligné Sébastien Bismuth. Dans un communiqué, Celio France a indiqué sa volonté de « faire renaître cette marque française iconique, connue et aimée de plusieurs millions de femmes » grâce à son « expertise ».
Des batailles judiciaires à venir pour les ex-salariés
Pour Thierry Siwik, délégué syndical CGT, c’est le savoir-faire de la marque qui est reconnu. « On a été leader du prêt-à-porter féminin. On a contribué à la reconnaissance de la marque. C’est une marque appréciée des clients que Celio a rachetée pas cher. » Les ex-salariés ne sont pas intégrés à ce nouveau projet pour la marque. « Il s’agira très certainement de ventes sur internet, pense Thierry Siwik. Nous avons proposé un projet sur lequel nous avons travailler avec les ex-dirigeants. Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse. » 350 des 2600 ex-salariés ont entamé une action prudhommale. « On estime que les licenciements sont dus à une faute de l’employeur. Beaucoup de gens sont déprimés », poursuit le délégué syndical qui se bat en ce moment pour que les salariés puissent encore bénéficier de leur mutuelle. « C’est scandaleux. AG2R, notre mutuelle, a dénoncé le contrat au 31 octobre et demande aux salariés de payer. C’est inacceptable », proteste le représentant CGT. Une autre action en justice devrait connaître un dénouement prochainement : le tribunal de commerce de Lille devrait remettre son avis le 26 janvier quant à la demande d’accès des ex-salariés et de leur avocat maître Fiodor Rilov aux documents financiers de l’enseigne.