Fin de contrat. Pour Carlos Tavarès,le PDG de PSA, les choses choses sont affreusement simples. En mars 2017, il signe avec l’américain Conduent qui implante un centre d’appels entièrement dédié au constructeur. Il embauche alors 350 salariés qui reçoivent une formation de trois semaines. Le contrat porte alors sur trois ans et sept mois, c’est-à-dire jusqu’à décembre 2020.
Contrat écourté
Le centre roubaisien gère les appels pour les trois marques de PSA : Peugeot, Citroën et DS Automobiles. Il reçoit les appels des clients pour le suivi des dossiers, prend les rendez-vous nécessaires, enregistre les réclamations (qui pouvaient porter sur des sommes allant de zéro à 7 000 euros), gère les questions liées aux services connectés (GPS, assistance...). Bref, il assure l’ensemble de la relation client, réseaux sociaux compris. Pourtant, selon les syndicats de Conduent Roubaix, le contrat est ensuite écourté et son échéance est ramenée à décembre 2019, suscitant l’incompréhension des salariés. « Cela s’est fait sans aucune explication. Nous ne comprenons pas », dit Nacerdine Haddad, délégué syndical CGT. En juin 2019, PSA lance un appel d’offres pour le renouvellement de son contrat. Les résultats sont connus le 17 novembre de la même année et tombent comme un couperet pour les salariés roubaisiens. C’est un centre d’appels concurrent, implanté au Maroc, qui remporte le marché. Exit Conduent.
Diminuer les coûts
Suite à l’émoi provoqué, Carlos Tavarès explique dans une conférence de presse que le choix de PSA a été conduit par la qualité de service proposé. En clair, les Roubaisiens ne faisaient pas l’affaire. Pour les syndicats, cela ne tient pas. « Juste avant de faire cette déclaration, en réponse à une question d’un journaliste, rapporte Nacerdine Haddad, M. Tavarès parlait de points de productivité et de la nécessité de diminuer les coûts. »
Dès lors, l’option pour une plateforme située au Maroc laisse peu de doute quant aux motivations du constructeur. Mais de son côté, la société américaine ne compte pas sur un autre client et ne semble pas avoir mis les moyens nécessaires pour trouver un repreneur. Certes, elle charge le cabinet Oneida de faire les recherches nécessaires mais elle le fait trop tard. « Il aurait fallu s’y prendre un an avant », estime le délégué CGT pour qui Conduent n’a fait que le service minimum au regard de la loi Florange. Dans un tel cas, celle-ci oblige en effet l’entreprise qui ferme à trouver un repreneur.
Précédent en région PACA
Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est mis en place. Le 25 février dernier, les documents ont été remis en réunion de Comité social économique (CSE) central et, deux jours plus tard, devant le CSE de Roubaix. Dès lors, les salariés n’ont plus de doute quant à leur avenir. Les réunions de préparation du PSE vont se dérouler du 11 mars au 10 juin. Mi juin, la Direccte sera saisie pour se prononcer sur les licenciements qui devraient être mis en œuvre en juillet.
« La notification des licenciements pour motif économique et proposition du congé de reclassement pour les salariés de Roubaix est, pour le moment, fixée au 2 juillet 2020 » précise un tract du syndicat Sud (majoritaire). Les trois organisations de salariés de l’entreprise, Sud, CFTC et CGT, se sont constituées en intersyndicale. Un courrier a été envoyé au ministre de l’Industrie Bruno Le Maire qui n’a pas répondu. Un rendez- vous a été fixé ce lundi 9 mars avec le maire de Roubaix et une cellule va se mette en place avec la MEL et le cabinet du maire. Le Conseil régional a également été interpelé. « Il dit gérer la situation » , selon Nacerdine Haddad.
Tandis que les négociations commencent « sereinement » avec l’avocat du CSE, pour reprendre les termes du syndicaliste, et que l’expert chargé de l’analyse économique du PSE, le cabinet Sextan, commence son travail, des solutions de reclassement sont recherchées à proximité. On pense notamment aux centres d’appels Booking et Wenhent installés à Tourcoing, la ville voisine. Ils recruteraient respectivement 100 et 300 personnes. « Mais chez Booking, il faut parler l’anglais » , prévient M. Haddad. Cela réduit les chances des 318 salariés de Conduent. 311 sont en CDI pour 7 en CDD. L’effectif compte 9 cadres et 26 agents de maîtrise. Deux tiers des conseillers sont des femmes, soit 216 conseillères pour 102 conseillers. Précédemment, Conduent avait déjà fermé un site à Biot, en région Provence-Alpes- Côte-d’Azur.