> Sarah, factrice à Petite-Forêt

Un service public essentiel

par Franck Jakubek
Publié le 30 avril 2020 à 12:17

La Poste a dû changer son organisation pour faire face à la pandémie. À la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Petite-Fôret, près de Valenciennes dans le Nord, le travail est organisé habituellement sur une ouverture de 3 h à 21 h du lundi au vendredi, et de 3 h 30 à 18 h 30 le samedi. 250 personnes en moyenne travaillent sur le site. La garde d’enfants, les arrêts maladie impactent les effectifs, ici comme ailleurs. Sarah, la trentaine souriante, est depuis un an affectée sur une tournée de courrier pour les entreprises. Factrice, elle se remet tout doucement des soins d’une longue maladie. Cette nouvelle fonction lui permet de travailler autrement, sa hiérarchie l’a bien compris. « Avec l’accompagnement et le soutien du syndicat CGT, j’ai la chance de pouvoir continuer à travailler. »

Et depuis le début du confinement, elle continue de remplir sa mission. « J’ai prévenu mes clients des changements. Eux aussi ont pris de nouvelles dispositions sur la distanciation sociale notamment  », surtout quand le service a été réduit à trois passages hebdomadaires. Sarah prend son service à 5 h du matin et fait du tri avec ses collègues pour préparer les boîtes postales. Son premier voyage en camion est pour la CPAM qui attend son courrier chaque matin avant 7 h 30. Puis, elle a en charge les avisés, c’est-à-dire les recommandés, pour le principal bureau de poste de Valenciennes, avant d’enchaîner vers une dizaine d’autres clients.

Se syndiquer pour s’informer

« Ce qui m’inquiète, ce n’est pas le virus. C’est l’après, ce qu’on va essayer de nous faire perdre sous prétexte de cette crise. Qu’est-ce-qu’on va essayer de nous retirer, du temps de congés, des RTT ? » Le respect des gestes barrières est bien acquis, mais ça n’empêche pas que les gestes automatiques, quasi instinctifs, prennent le pas. « Mais chacun veille à maintenir les distances » souligne-t-elle. Certains collègues, plus fragiles, se sont mis en arrêt maladie. Au début, les droits de retrait étaient mal interprétés. Il y a eu quelques tentatives d’intimidations, de désinformation, notamment de la part d’un autre syndicat. « Heureusement que la CGT est là. La présence syndicale sur le terrain est importante pour le respect des droits. Les informations remontent plus rapidement. »

Masques, gants et gels manquaient au début de la crise, mais depuis trois semaines tout est à disposition. Pas de télétravail possible pour le métier physique de facteur. Et au moment des annonces de déconfinement, l’incertitude est toujours là pour les mesures envisagées par un gouvernement toujours hésitant. « Ma fille a envie de retourner à l’école. Mais les parents doivent avoir le choix » assure-t-elle. Son frère, intérimaire dans la grande distribution touche une prime de 50 euros net par jour pendant le confinement. Il prépare des commandes et n’est pas en contact avec la clientèle. « Pour l’instant, La Poste n’a pas parlé de faire la même chose chez nous », regrette-t-elle. Et pourquoi pas, finalement ? Les postiers, en maintenant le service public du courrier, ont rendu un grand service à leurs concitoyens.

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