On travaille dans le service public, mais on ne peut plus rendre ces services. » Pour Yannick Massiet, secrétaire départemental de la CGT Finances publiques, 95 % des élus locaux (les maires en premier lieu) sont favorables à la réouverture de l’accueil de la Cité administrative pour les contribuables. Elle est fermée depuis le 1er janvier, de nombreuses personnes ne le savent pas et se déplacent encore jusqu’à ses portes. C’est en ce sens que les syndicats du secteur (CGT, FO, CFDT et Unsa) ont installé lundi 3 mai des tables devant le bâtiment lillois afin de sensibiliser le public et de lui demander de signer la pétition pour la défense du service public de proximité et des emplois qui y sont liés. Ils sont aussi allés à Somain le lendemain et étaient présents à Phalempin le 30 avril. Ils exigent d’autre part « des moyens humains et budgétaires pour une administration essentielle au fonctionnement de l’État ». Si la réouverture des services publics de proximité est essentielle au vu de la situation, c’est, expliquent-ils, parce qu’actuellement ces services n’accueillent plus qu’une vingtaine de personnes par jour et uniquement sur rendez-vous. Elles étaient près de 800 personnes avant la pandémie. « Le monde se précarise et l’État les pousse au bord du ravin » confie Yanick Massiet.
120 emplois vont disparaître
Presque tous les services publics sont accessibles exclusivement en ligne ce qui exclut une partie des personnes âgées, mais surtout les 19 % de personnes illettrées ou ne sachant utiliser un ordinateur dans les Hauts-de-France. À compter de septembre, 120 emplois vont disparaître. Cela va encore aggraver l’éloignement du public de leurs services et stigmatiser les plus fragiles et les plus précaires.
Journée nationale d’action
Les syndicats ont dénoncé le « plan Darmanin » dès 2019. Voulu par celui qui était alors ministre de l’Action et des Comptes publics, ce plan dit de « redéploiement » conduit à fermer les petites trésoreries pour les localiser dans les grandes villes. Au bout du compte, les trésoreries seront remplacées par de nouvelles structures : les « services de gestion comptable ». Les revendications syndicales seront portées lors d’une journée nationale de grève, ce lundi 10 mai, à l’appel des cinq fédérations des finances publiques : Solidaires, CGT, FO, CFDT et CFTC. Des rassemblements seront également organisés, comme celui de Lille, à partir de 11h30, devant la direction régionale des finances publiques du Nord, avenue Kennedy. Elles rappellent à ce titre que, « face à la pandémie et à ses conséquences humaines, sociales et économiques, le gouvernement et Bercy ont su pourtant recourir aux qualifications, à l’expérience et à la conscience professionnelle des agents, rappelant l’importance du service public en général et, en son sein, la place de la DGFiP. Rien que le bilan de cette situation exceptionnelle, situation qui perdure aujourd’hui, aurait dû inviter les pouvoirs publics et administratifs à revoir leur copie dévastatrice ». Partout en France, les syndicats réclament des implantations de proximité de plein exercice, des moyens humains et budgétaires pour exercer les missions des finances publiques, des conditions de travail respectueuses et la reconnaissance des engagements professionnels des agents.