Parc éolien de Dunkerque

Un projet qui fait souffler beaucoup de vent

par Marc DE LANGIE
Publié le 12 février 2021 à 12:28

Un projet de 46 éoliennes implantées à 10 km du littoral sur une zone de 50 km2 pourrait voir le jour à Dunkerque, et cela suscite de nombreux débats.

À quelques jours de la restitution publique des conclusions de la Commission nationale du débat public (CNDP), la situation reste tendue sur la création d’un parc éolien au large de Dunkerque. Le projet porté par EMD (Éolienne en mer de Dunkerque) et par RTE (Réseau transport d’électricité) ne fait pas l’unanimité. Le projet porte sur l’installation de 46 éoliennes, d’une hauteur de 300 mètres et distantes d’un kilomètre les unes des autres pour garantir un fonctionnement optimal. La puissance maximale serait de 600 MW et raccordée au réseau public. Cela équivaut à la consommation annuelle d’environ 900 000 habitants. Les éoliennes seraient installées à plus de 10 km de la côte et la surface totale du parc n’excèderait pas 50 km2. C’est le port de Dunkerque qui accueillerait la base de la logistique d’entretien de ce parc.

40 % d’électricité renouvelable

Pour les porteurs du projet, l’éolien en mer a de nombreux atouts : un très bon gisement de vent, une absence de contraintes majeures concernant les servitudes réglementaires et aériennes. De plus, il s’agit de construire et d’exploiter un réseau de fabrication d’électricité respectueux de l’environnement. Et le développement de la filière éolienne en mer devrait se poursuivre pour atteindre l’objectif de 40 % d’électricité renouvelable à l’horizon 2030, tel que fixé dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en 2015. Le projet de ce champ éolien date déjà d’une dizaine d’années. L’annonce du nom du lauréat de l’appel d’offres, faite par François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, le 14 juin 2019, marquait le nouvel élan donné au projet. Le consortium EDF Renouvelables-Innogy-Enbridge assurera la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien du futur parc. Le fait qu’EDF se soit engagé à maintenir le prix du MW à un tarif inférieur à 50 MW durant vingt ans a pesé dans le choix de l’opérateur. Le coût de réalisation, de développement et de son raccordement est estimé à 1,4 milliard d’euros. La mise en service est prévue pour le début d’année 2027, avec une durée d’exploitation de 30 ans.

850 emplois directs

Un investissement qui est également synonyme d’emplois. D’ailleurs, Patrice Vergriete, président de la communauté urbaine (CUD) et maire de Dunkerque soutient le projet. D’une part, « il est nécessaire si on souhaite lutter sérieusement contre le dérèglement climatique » et il place Dunkerque « à la pointe dans la recherche de l’efficacité énergétique ». D’autre part, cela représente une opportunité économique : « Nous sommes la première plateforme énergétique d’Europe », ce qui a permis de créer et conforter de nombreux emplois. Il s’agit donc de ne pas perdre cet avantage. Un point de vue partagé par Xavier Arnoult, directeur d’EDF Renouvelables qui, sur les ondes de France Bleu Nord le 19 janvier dernier, a dit compter sur 850 emplois directs lors de la construction auxquels s’ajoutent les emplois créés chez les sous-traitants. En phase d’exploitation, une cinquantaine d’emplois sont prévus avec là encore d’autres en sous-traitance. Pour le directeur, Dunkerque est le seul port ouvert sur la mer du Nord et il faut se projeter « avec le programme européen de développement en mer, avec des projets en Belgique, aux Pays-Bas mais aussi de l’autre côté de la Manche et de la mer du Nord avec le Royaume-Uni. C’est une véritable opportunité pour le territoire de devenir un pôle de l’éolienne en mer ». Ce pôle constitue aussi une nécessité pour que les entreprises locales développent un savoir-faire réplicable ailleurs. « Il existe un marché à l’international » indique François Lavallée, président de la CCI Littoral Hauts-de-France. Les entreprises dunkerquoises participeront certainement au projet en obtenant de gros contrats et le président de préciser « on se battra pour qu’il y ait des retombées ». Pour les promoteurs du projet et de nombreux hommes politiques, les atouts économiques sont mis en avant. Certains relèvent une occasion de se tourner vers des énergies renouvelables dans une région où le nucléaire prédomine.

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