Service public en danger

À Maubeuge, on privatise les services

par Philippe Allienne
Publié le 5 octobre 2019 à 15:14

La crise hospitalière touche l’ensemble de notre territoire et, surtout, dans tous les domaines. À Maubeuge, c’est la privatisation des services qui rôde.

La ministre Agnès Buzyn ne devrait pas trop parier sur les cabinets de ville. À Maubeuge, ce sont eux qui viennent grignoter la santé publique. Eux, ce sont les cabinets spécialisés. C’est précisément ce qui est en train de se passer avec l’imagerie médicale. Au départ, ce service est intégré au Centre hospitalier de Sambre-Avesnois (plus de 1500 salariés). Mais les exigences financières vont mener à la constitution d’un Groupement de coopération sanitaire (GCS) entre le service « imagerie médicale » de l’hôpital public et un cabinet de radiologie privé de ville du Groupement de radiologues en imagerie médicale (Grim) dont le siège est à Tours, mais qui est implanté à Fourmies, près de Maubeuge.

La suite est aisée à deviner. Une réunion suffit pour informer les salariés du centre hospitalier (qui ont un statut public) de la formation de cette nouvelle entité (le CGS) et, dans la foulée, pour les inviter à choisir entre leur statut de fonctionnaire et un statut de salarié détaché intégré au CGS. On peut comprendre très vite que l’on a affaire à une opération de privatisation d’un service public. Mais les « privatiseurs » expliquent que le manque de radiologues dans le public laisse peu de choix.

« Le manque de radiologues à l’hôpital est un fait depuis 30 ans !  » protestent les salariés de l’hôpital. « En fait, explique Guillaume Rosey, délégué syndical CGT de l’hôpital de Maubeuge, on assiste à une réduction du service public comme le veut la politique actuelle du gouvernement. » Les nouvelles dispositions devaient être effectives dès le 1er novembre. Mais la direction actuelle (et par intérim) repousse ce dispositif à 5 ou 6 mois, le temps de connaître la position des agents sur le contrat qu’ils souhaitent. Car il leur est demandé de faire un choix entre un basculement vers le privé (avec détachement pour les intégrer au CGS) ou la préservation de leur statut de fonctionnaire. 18 salariés sont concernés dont 12 manipulateurs, 1 aide-soignante, 1 cadre santé, 4 secrétaires. À cet effectif s’ajoutent 4 radiologues qui sont praticiens, donc non fonctionnaires.

Ce type d’opération n’est pas nouveau en Sambre-Avesnois. Ainsi, le groupe privé allemand Fresenius, via sa filiale Nephro Care, a déjà pris le contrôle de l’unité d’hémodialyse. Sur ce territoire, il est devenu monopolistique pour cette spécialité. Jusqu’où cette privatisation va-t-elle aller ? Ironie du sort, le Centre hospitalier de Sambre-Avesnois va récupérer la maternité de la clinique du Parc (un établissement privé) qui doit fermer en novembre. Non loin, la clinique du Val de Sambre, également privée, aurait des difficultés avec son service Chirurgie. Mais la question du service public reste ouvertement posée avec la perspective de l’ouverture, en 2021, d’un nouvel hôpital. Lorsque celui-ci sera inauguré, 30 lits sur les 296 actuels auront disparu. C’est inscrit dans le contrat pour la construction du nouvel établissement public.