À Calais, Séverine Delattre, secrétaire de la CGT, se bat pour obtenir les moyens minimum pour travailler. © Liberté Hebdo
Nord et Pas-de-Calais

Les hôpitaux au bord de l’implosion

par Etienne Alain
Publié le 13 janvier 2023 à 16:12 Mise à jour le 25 janvier 2023

La situation des hôpitaux du Nord et du Pas-de-Calais a atteint la côte d’alerte. La grève des urgences se poursuit à l’hôpital de Calais. Après plus d’un mois de grève, la direction concède enfin quelques revendications. Celles-ci ne visent qu’à obtenir les moyens minimum pour soigner les patients en toute sécurité. « Après avoir à nouveau tergiversé, la directrice a enfin accepté que le second infirmier d’accueil soit remplacé en cas d’absence. Acquis également : la présence d’un médiateur et d’un brancardier 10 heures par jour, sept jours sur sept » annonce Séverine Delattre, la secrétaire de la CGT. Elle met en parallèle le coût du fonctionnement minimum et celui des réquisitions par voie d’huissiers ; « le refus de négocier fait que la facture va être lourde ». La centaine d’agents des urgences est toujours en grève jusqu’au 13 janvier. À Boulogne-sur-Mer, la CGT a également lancé un mouvement. Le syndicat, qui représente 75 % du personnel, dénonce la gestion désordonnée. Elle provoque une fatigue excessive des agents, transférés dans des services qu’ils ne connaissent pas, la surcharge de travail, le recours abusif aux précaires et le mépris total de la direction envers le personnel.

On frôle le drame

À Lens, Jean Letoquart, délégué CGT, dénonce la situation faite aux urgences où « on a dû mettre une affiche pour prévenir qu’il y avait 8 h 30 d’attente pour avoir un docteur ». Pour le syndicat, il faudrait 24 médecins en équivalent temps plein là où ils ne sont que neuf aujourd’hui. Pour le syndicaliste infirmier-anesthésiste, la qualité de soins et de diagnostic est compromise, on frôle le drame à chaque fois. Situation identique à Béthune où Christophe Blondel, secrétaire local de la CGT, a relaté à la presse la situation des patients stockés dans les couloirs avec des bouteilles d’oxygène parce qu’on ne pouvait les brancher au réseau et qu’il n’y avait plus de chaises disponibles. Le nouvel hôpital de Maubeuge connaît les mêmes problèmes. Selon Guillaume Rosey, secrétaire de la CGT, durant le week-end de nouvel an, une cinquantaine de patients, relevant majoritairement de l’hospitalisation, attendaient que la dizaine de lits disponibles se libère. Et de dénoncer aussi les surcharges de travail comme pour cette infirmière ayant travaillé 60 heures en six jours, soit 12 heures de plus que ce que la loi autorise sur sept jours. Plusieurs autres hôpitaux, à Roubaix, à Tourcoing, Saint-Philibert à Lomme, ont déclenché le plan « blanc [1] » tandis que ceux d’Hazebrouck et Armentières sont déclarés « en tension ». « Qui aurait pu prédire » nous chantera Emmanuel Macron en cas de drames ?

Notes :

[1Le plan blanc autorise les chefs d’établissement à réorganiser les plannings des personnels, ou à déprogrammer des rendez-vous et opérations non-urgents.

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