© Ph A
Cargill Haubourdin

L’inspection du travail n’autorise pas le licenciement de cinq syndicalistes CGT

par Philippe Allienne
Publié le 1er octobre 2021 à 12:38

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. La direction de Cargill SA, à Haubourdin, avait demandé l’autorisation de licencier, pour motif économique, cinq élus CGT du comité social et économique (CSE). Sans réponse de l’inspection du travail, cette demande ne peut aboutir.

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Les choses sont claires. Si l’inspection du travail ne répond pas à une demande de licenciement dans un délai de deux mois, cela équivaut à un refus [1]. C’est ce qu’il a expliqué lors d’une conférence de presse en présence des salariés concernés, de Karine Trottein (secrétaire fédérale Nord du PCF) et d’Adrien Quattennens (député LFI du Nord). Ceci, précise-t-il, est basé sur le fait qu’on « ne peut licencier pour raison économique sans donner les comptes qui justifieraient éventuellement des difficultés économiques. Ce motif peut aussi valoir pour les autres licenciements… ». Ces élus avaient été en première ligne dans la lutte contre le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et la réorganisation de l’entreprise. Cette lutte avait commencé fin novembre 2019 dès l’annonce de la mise en place d’un PSE concernant 183 salariés. Le CSE et leur avocat n’avaient cessé de contester la validité du motif économique des licenciements qu’ils qualifient plutôt de « licenciements boursiers ». Ils rappellent à cet égard les résultats exceptionnels réalisés par le groupe américain en 2021. Tous les cinq sont écartés de l’entreprise depuis plus d’un an. Alors que leurs collègues du CSE ont été soit reclassés en interne ou en externe, soit ont opté pour un départ volontaire, Dorian Vallois et les quatre autres syndicalistes continuent à percevoir leur rémunération mais ont l’obligation de rester chez eux. Ils sont ainsi dans l’impossibilité d’exercer pleinement leur mandat. La direction leur avait proposé des postes d’opérateurs de fabrication polyvalents. « Or, dit la CGT, ces postes ont déjà fait l’objet de recrutements avec des avenants au contrat de travail (…). Cargill SA a purement et simplement choisi son personnel restant, ce qui est contraire à la loi. » Si les élus remportent ici une victoire, ils ne sont pas dupes. « La casse sociale sur notre site est loin d’être terminée. Cargill va certainement demander des dérogations auprès du gouvernement. » En attendant, le syndicat dénonce des conditions de travail aggravées, une surveillance accrue, des accidents qui se multiplient, des pressions sur les ouvriers. Sans compter les nuisances environnementales liées à l’abandon du fret fluvial et ferroviaire au profit du transport par camions.

Notes :

[1La demande d’autorisation de licencier a été déposée en juillet 2021.