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Dans le Pas-de-Calais

Les doléances du 1er mai : une coutume bien ancrée ?

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 5 mai 2022 à 18:29

La tradition de la remise de cahiers de doléances le 1er mai est diversement entretenue. Petit tour d’horizon dans le Bassin minier du Pas-de-Calais.

Le rite est séculaire. La remise par les organisations syndicales de cahiers de doléances aux maires « fait écho à la Révolution française et à la rédaction de cahiers de doléances en vue des États-Généraux du 5 mai 1789. Cette pratique a été très vite adoptée par le mouvement ouvrier dont la principale revendication à la fin du XIXe siècle est la réduction du temps de travail », souligne l’historien Stéphane Sirot. Si une confédération comme la CNT, restée fidèle aux principes du syndicalisme révolutionnaire, refuse de s’y soumettre sous le prétexte que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », d’autres organisations se revendiquant toujours de la lutte des classes comme la CGT ou SUD participent volontiers à ces cérémonies orchestrées par les municipalités. « C’est l’occasion d’exposer nos revendications », souligne Émeline Legras Tison de la section SUD Collectivités territoriales en mairie d’Hénin-Beaumont. À Béthune cette année, l’UL CGT a décliné l’invitation « parce qu’Olivier Gacquère, le maire (droite), voulait nous entendre individuellement alors qu’à notre sens l’expression doit être collective », explique Jean-Luc Duriez, l’un de ses dirigeants. Même refus poli à Bruay-La-Buissière de la part de la CGT. « Il est, par principe, hors de question de répondre à l’invitation d’une municipalité d’extrême droite », indique Cédric Théret, le secrétaire général d’une UL CGT qui, ce jour-là, a opté pour « une campagne d’affichage axée sur nos principales revendications ». À Avion, ville communiste, le 1er mai offre l’opportunité d’un rassemblement où le PCF et la CGT marchent côte à côte. À Marles-les-Mines, la municipalité a reçu le représentant des communaux CGT. « Étant un homme de gauche attaché à la défense du monde du travail, je considère les syndicats comme des partenaires sociaux », commente Éric Édouard, le maire (divers gauche). Pour quel résultat ? « On n’a jamais de retour. On sait que ça ne sert à rien, mais ça fait partie des traditions », constate, réaliste, Jean-Luc Duriez. Il s’agit néanmoins « d’un moment fort de l’action syndicale. Ce n’est pas elle qui va susciter le plus de clivage. Il n’y a donc pas de raison majeure à la remettre en cause », analyse Stéphane Sirot.