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Crespin

Les vendredis de la colère se poursuivent chez Alstom

par Nadia DAKI
Publié le 23 septembre 2022 à 10:36 Mise à jour le 22 septembre 2022

Pour la CFDT, rien n’a changé depuis les premiers débrayages avant l’été des salariés d’Alstom, à Crespin. Le syndicat réclame toujours une hausse des salaires et l’augmentation de la masse salariale. Il regrette qu’aucune négociation salariale ne soit envisagée avant l’année prochaine.

«  On appelle toujours à faire grève deux heures par jour, voire la journée. Les débrayages sont surtout suivis dans les ateliers  », précise Pascal Lussiez, représentant de la section syndicale CFDT. Les revendications sont toujours les mêmes que celles précisées avant la pause estivale et concernent le pouvoir d’achat. « Nous demandons l’augmentation de la prime de déplacement car celle mise en place ne suffit plus pour faire face à l’augmentation des prix à la pompe. Par ailleurs, nous réclamons également une augmentation des salaires. Cette année, nous avons eu une augmentation générale des salaires de 1,6 %. Elle est très en deçà de l’inflation qui atteint les 6 %. »

Un mécontentement général

«  À Crespin, on réalise 60 % du chiffre d’affaires d’Alstom France. On demande qu’un effort soit fait pour que les ouvriers et les plus bas salaires puissent faire face à l’augmentation de l’essence, de l’énergie, de l’alimentation et qu’ils puissent passer l’hiver au chaud  », ajoute Pascal Lussiez. Un mécontentement qui, selon le syndicaliste, se manifeste entre autres par des départs volontaires. «  Nous sommes frontaliers avec la Belgique. On voit de plus en plus de personnes préférer partir car non seulement les salaires sont plus élevés mais ils sont soumis à indexation, ce qui par exemple représente une hausse de 8 % depuis l’inflation  », précise-t-il. « D’autres changent de branche. Ils quittent l’industrie pour l’agroalimentaire.  »

Le site de Crespin, ex-Bombardier, a cette particularité d’être une filiale d’Alstom. « Nos salaires sont en deçà de ceux d’Alstom France alors que notre site est celui qui dégage le plus de bénéfices. Le groupe dit réfléchir avec les organisations syndicales à une prime pouvoir d’achat d’ici octobre. Quant à l’augmentation de salaire demandée par les travailleurs, la réponse est d’attendre la négociation annuelle obligatoire, ce qui veut dire, si augmentation il y a, qu’elle ne sera pas perçue avant le mois d’avril. Or, tout le monde le sait, cet hiver promet d’être difficile financièrement  », assure-t-il.

Pourtant, les bons résultats du site de Crespin ne sont plus à démontrer. « Il y a eu, certes, quelques avancées en ce qui concerne la participation au bénéfice. Cette année, on a dégagé en moyenne un peu plus de 1000 euros au bénéfice par salarié sur notre site contre 19 euros pour Alstom France  », note le représentant syndical. Pour aider les grévistes, la CFDT a mis en place un système de caisse de grève. « Nous aidons les grévistes en les indemnisant. Car l’idée de cette mobilisation est bien l’augmentation du pouvoir d’achat, pas de les mettre en difficulté plus qu’ils ne le sont déjà », indique Pascal Lussiez. Avec 12000 salariés en France, la branche transport d’Alstom est un employeur majeur dans la région puisqu’elle emploie 2000 personnes sur son site de Crespin et 1800 à Petite-Forêt.