La CGT, Solidaires et la FSU ensemble lors de la manifestation du 1er mai à Arras
. © Jacques Kmieciak
Journée d’action du 29 septembre

Syndicalistes dans l’expectative

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 23 septembre 2022 à 10:38 Mise à jour le 21 septembre 2022

Avec pour mots d’ordre, la semaine de 32 heures, une augmentation des salaires, le SMIC à 2000 euros ou encore la retraite à 60 ans, la journée de mobilisation du 29 septembre à l’appel notamment de la CGT, Solidaires et la FSU se prépare activement avec en toile de fond la « grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique » du 16 octobre à l’initiative de partis politiques.

« On a fait le taf. On a la conscience tranquille. Le mécontentement est tellement évident que, théoriquement, tu ne devrais rien avoir à faire », lance Frédéric Gransart, secrétaire à la politique financière à l’UD CGT du Pas-de-Calais. « La position de Macron qui veut aller vite sur le dossier des retraites, confirme le bienfondé de cette journée  », complète Henri Tobo de l’UL CGT de Béthune. Et pourtant, rien ne garantit son succès. « Le mécontentement grandit, mais ça ne se traduit pas en termes de mobilisation et ça fait un moment que ça dure. La journée du 22 dans la santé permettra de prendre la température », indique Dominique Ben, responsable du secteur « politique industrielle » à l’UD CGT du Nord.

Grève générale ou pas ?

« Je crains que nous nous retrouvions encore une fois entre militants aguerris », regrette Frédéric Gransart guère optimiste. « À la Poste où je travaille, il est clair qu’une journée de grève n’aura aucun impact », poursuit le syndicaliste pas convaincu du tout qu’un appel à une grève générale illimitée soit plus entendu. « La grève générale, si ça se décrétait, on le saurait. J’ai vécu Mai 68 à Paris. Le mouvement est allé crescendo. Des salariés ont débrayé jusqu’à trois semaines après le début du mouvement », commente Henri Tobo. « Lors du dernier appel à la grève générale, j’étais seul à débrayer dans ma boîte à Maisons et Cités. Une grève, c’est paradoxal, on perd de l’argent pour en avoir plus. Notre syndicat reste favorable à l’idée d’une grève reconductible, mais malheureusement on n’arrive plus à mobiliser. Il faudrait peut-être voir les choses différemment avec des actions plus médiatiques ? » se demande Jean-Daniel Pognici, co-secrétaire de l’UD Solidaires du Pas-de-Calais. «  La grève générale, ça se construit. Il ne suffit pas de la proclamer  », confirme Dominique Ben. Celui-ci rejette toutefois l’idée de mobilisations « saute-mouton » avec une succession de journées d’action car «  ce n’est pas la bonne stratégie  ».

« Redonner la parole à la base ! »

Et Henri Tobo de rappeler que « ce 29, personne n’est dans l’obligation de faire grève. L’important sera de prendre des initiatives (distributions de tracts, prises de parole dans l’entreprise, etc.)  ». « Il faut réhabituer les salariés à rédiger des cahiers de revendications et à se réunir en assemblée générale pour envisager la suite à donner à ce type de journée de mobilisation », imagine Dominique Ben soucieux de « redonner la parole à la base  ». Pour Catherine Piecuch, secrétaire académique de la FSU Nord-Pas-de-Calais, cette journée « sera une amorce avec l’idée d’un plan d’actions derrière  ».

Des raisons d’espérer

Car les raisons d’espérer existent. Dans le Pas-de-Calais, « les salariés de la MACIF se sont mobilisés récemment avec succès et obtenu une prime. Il y a un mois, on ne l’aurait pas cru », révèle Frédéric Gransart. Dans le Nord « des luttes pour les salaires ont été menées à PSA Sevelnord ou à Arcelor dans le Dunkerquois  », poursuit Dominique Ben. « La question des salaires est centrale dans les établissements scolaires. À la FSU, on réclame au moins 10 % d’augmentation de salaire immédiat pour toute la Fonction publique et 4 % pour les retraités et une hausse des minima sociaux. Le dossier des retraites vient renforcer notre détermination à réussir le 29. Les personnels de l’Education nationale seraient particulièrement défavorisés par la réforme  », informe Catherine Piecuch.

Une « marche » concurrentielle ou complémentaire ?

Cette journée trouvera-t-elle un prolongement naturel à travers la marche du dimanche 16 octobre lancée par la France insoumise, le PS et EELV, sans l’appui du PCF. « Ma crainte est que des syndicalistes délaissent le 29 au profit du 16 octobre. L’idéal serait d’être présents aux deux. Moi, j’y serais même si je redoute une récupération par Jean-Luc Mélenchon  », confie Frédéric Gransart. Pour Henri Tobo, « la façon dont cette dernière journée est présentée par les organisateurs, semble sérieuse. Elle peut être envisagée comme une progression. Ce sont aux syndicats de prendre leurs responsabilités sur le plan des revendications  ». « Nous ne sommes pas opposés à un travail en commun avec les partis politiques à condition qu’une concertation soit réalisée en amont. Nous avons nos propres mobilisations syndicales, mais il est important d’élargir comme nous l’avons fait pour le climat. On n’exclut rien, bien au contraire. Tout ça est complémentaire  », imagine Catherine Piecuch. Quant à Dominique Ben, il se montre plus circonspect estimant « que c’est aux syndicats d’exprimer les revendications sociales et aux partis politiques de gauche de les relayer sur le plan législatif. Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés ».

Les rassemblements : Nord

Lille Porte de Paris : 14h 30 Douai Place d’armes : 10h Valenciennes Place d’armes : 10h Maubeuge Place des nations : 10h 30 Aulnoye-Aymeries Place des nations : 10h 30 Cambrai Place (hôtel de ville) : 11h Dunkerque Place de la gare : 14h 30

Pas-de-Calais

Arras Gare : 10h Boulogne-sur-Mer Bourse du travail, 6 rue d’Artois : 9h 30 Calais Mairie : 9h