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Ouverture à la concurrence

En 2023, des trains Transdev en gare de Saint-Pol ?

par Bruno ARNOULT
Publié le 17 septembre 2021 à 14:04

La société privée Transdev, qui vient de se voir attribuer la gestion de la ligne TER Marseille/Nice au détriment de la SNCF, a dans sa ligne de mire la ligne Saint-Pol/Étaples, que Xavier Bertrand vient d’ouvrir à la concurrence après rénovation complète payée, entre autres, par le conseil régional des Hauts-de-France. Or les médias sont restés très discrets sur les conditions financières de ce transfert qui sont loin d’être neutres pour le contribuable et qui devraient se répéter pour la ligne Saint-Pol/Étaples. Transdev va percevoir de la Région PACA dès maintenant 10 millions d’euros de subventions avant même que le premier train ne roule, puisque la première circulation sous son nom est prévue en 2025, et a la garantie que le contrat obtenu lui rapportera 50 millions d’euros par an pendant toute la durée de celui-ci, soit 12 ans. De plus, le conseil régional financera l’achat de matériels roulants (une douzaine de rames) et la construction d’un atelier de maintenance alors que des ateliers SNCF existent déjà. Cela représentera un investissement de 270 millions d’euros dont seulement 4 millions à la charge de Transdev. Par ailleurs, l’usager sera lui aussi sollicité puisque le coût du « kilomètre-train » aujourd’hui de 15,80 euros est annoncé à 20 euros en 2025 à l’arrivée de Transdev, soit 25 % d’augmentation ! Le service public est sacrifié sur l’autel de la rentabilité avec … de l’argent public ! Et contrairement à une entreprise publique, un opérateur privé cherche une rentabilité financière la plus importante possible et pour cela nous pouvons compter sur Transdev, comme partout où il passe, pour supprimer des emplois, dégrader les conditions de travail et les conditions sociales des salariés restants, imposer la polyvalence et réduire les budgets consacrés à la formation professionnelle des personnels et économiser sur la maintenance des infrastructures et des trains, fermer des guichets, voire des gares, si le « chiffre d’affaires » n’est pas à la hauteur de ses appétits financiers. Usagers, cheminots, soyons mobilisés pour contrer cette logique libérale qui a largement fait la preuve de son inefficacité. En effet, en Angleterre, toutes les concessions sont désormais reprises sous contrôle de la nouvelle compagnie publique Great British Railways et, en Allemagne, la Deutsche Bahn est en passe de reprendre son concurrent privé en faillite et ainsi marquer le retour à une entreprise unique.