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Nouveau bras de fer Région-SNCF

La CGT dénonce une posture médiatique

Publié le 1er juillet 2022 à 13:12

C’est reparti pour un tour. En fin d’année dernière, le président du conseil régional Hauts-de-France, Xavier Bertrand, annonçait la suspension des paiements à la SNCF en raison des retards et défaillances du TER. Ces paiements avaient repris en mars. Aujourd’hui, l’exécutif refuse de régler les arriérés. La CGT dénonce la responsabilité de la Région.

C’est un courrier du directeur régional de la SNCF qui a suscité la colère de Xavier Bertrand. Il l’a exprimée lors de la séance plénière du conseil le 23 juin. Quelques jours plus tôt, le 20 juin, il apprenait en effet que faute de reprendre les paiements (en fait les arriérés cumulés durant la suspension entre décembre 2021 et mars 2022), et du non-respect de l’échéancier convenu avec la SNCF, celle-ci appliquerait des pénalités. Le courrier fixait un ultimatum au 30 juin. De quoi mettre le président de Région en pétard. Le 20 juin, tonne-t-il en substance, on ne comptait pas moins de 126 suppressions de trains, « soit un taux de suppression de 10 % » au lieu de moins de 3 % comme cela devrait être. Il cite aussi 22 suppressions de « trains stratégiques pour 75 % de régularité ».

La responsabilité de l’exécutif régional

On l’aura compris : retards et suppressions de trains, les progrès enregistrés en mars derniers font de nouveau place à ce que Xavier Bertrand et Franck Dhersin, son vice-président chargé des mobilités, appelle une « qualité de service déplorable ». En clair, pas de qualité, pas de régularité donc, pas de sous. Mais chez la fédération des cheminots CGT, la colère de l’exécutif régional laisse plus que perplexe. Le syndicat s’en explique dans un long communiqué intitulé « Le Président des Hauts-de-France est en colère, cela tombe bien, la CGT aussi… ». Elle voit dans le « coup de gueule » de Xavier Bertrand un « énième épisode médiatique pour cacher qu’il est lui aussi grandement responsable de l’organisation défaillante qui touche l’entreprise SNCF par ses choix politiques ». Elle renvoie du même coup les deux parties dos à dos en évoquant « une direction SNCF plus prompte à réaliser de la productivité en supprimant de nombreux postes et en anticipant ce que pourrait être le train régional avec la mise en concurrence en Hauts-de-France ».

Les effets des réformes

Production en berne, productivité accrue, manque d’effectifs, restructurations incessantes, dégradation forte des conditions de travail, déshumanisation, la CGT cheminots n’a de cesse de dénoncer la dégradation du service. « Les réformes ferroviaires de 2014 et 2018, pour ne citer qu’elles, commencent à produire leurs effets néfastes et MM. Bertrand et Dhersin s’en inspirent allègrement pour eux aussi participer à l’éclatement de l’entreprise publique SNCF avec la casse sociale qui l’accompagne et s’organise », écrit-elle. La fédération ne manque pas de rappeler les propositions qu’elle avait faites, articulées autour du service public, « seule solution pour obtenir une amélioration conséquente et réaliste de la production ». En 2019, rappelle-t-elle encore, « nous alertions sur le danger d’une nouvelle mouture du Service Annuel (SA2020), arguant que ce S.A oubliait très largement la desserte fine du territoire, créait de nombreuses ruptures de charge, ne laissait aucune souplesse aux divers aléas,, manquait de personnel, de moyens, etc. » Cela n’avait alors pas empêché l’exécutif régional d’accepter cette nouvelle organisation.

Renoncer à la concurrence généralisée

Mais par-delà ces critiques, elle dénonce l’ouverture à la concurrence généralisée voulue par la Région. Cela, explique-t-elle, a amené l’exécutif et ses « dogmes libéraux », à prendre « la décision de découper entièrement le réseau TER en plusieurs lots et de l’offrir aux entreprises privées (…). C’est une privatisation complète du réseau TER HDF qu’ils nous programment ! Ils ne veulent plus d’un monopole public, ils s’apprêtent à offrir un monopole privé par concession de 9 ans. C’était déjà compliqué avec un seul opérateur, en installer plusieurs complexifiera forcément les choses, coûtera plus cher et n’améliorera aucunement la qualité ». Au lieu de libéraliser ainsi, la CGT propose de « réhumaniser les gares, guichets et trains, de stopper la précarité de l’emploi (intérim, CDD, ….), d’embaucher en CDI pour y être qualifié et formé, de donner les moyens de produire aux cheminots, d’assurer un service public de qualité, d’investir sur le long terme ». Cela doit bien sûr passer par le renoncement à la mise en concurrence. Le message adressé à Xavier Bertrand est clair : « La solution pour améliorer la production n’est certainement pas d’étrangler financièrement la SNCF. Ni même d’occulter que les causes principales des retards ou des suppressions de trains sont extérieures au TER HDF. » Le manque de moyens humains et financiers, notamment.

Grève des cheminots le 6 juillet Le 16 juin, les fédérations syndicales CGT, Unsa ferroviaire, SUD-Rail et CFDT ont demandé à être reçus, dans le cadre d’une demande de concertation intersyndicale, par la direction de la SNCF sur la question des salaires et du pouvoir d’achat. Elles ont essuyé un refus, la direction renvoyant les échanges à des réunions bilatérales en cours. En conséquence, les fédérations appellent à une grève nationale le 6 juillet. Elles vont déposer un préavis de grève, pour l’ensemble du personnel, couvrant la période du 5 juillet à 19 heures au 7 juillet à 8 heures. Ce préavis couvrira l’ensemble du personnel. Elles réclament des mesures de rattrapage salarial de l’inflation et un report systématique de la hausse du Smic sur l’ensemble de la grille ; une augmentation générale des salaires et la revalorisation des primes de travail ; une revalorisation de l’ensemble des allocations, gratifications et indemnités pour tenir compte de la hausse des prix ; dans cette année particulière, au moins un rendez-vous salarial avant l’été et ensuite avant la fin de l’année.