Ferroviaire

Les cheminots de SUD Rail manifestent contre l’ouverture à la concurrence

par Philippe Allienne
Publié le 16 octobre 2020 à 11:38

Venus de plusieurs régions de France, les cheminots ont répondu nombreux à l’appel de SUD Rail, ce jeudi 15 octobre devant le siège du conseil régional Hauts-de-France, pour protester contre l’ouverture à la concurrence des lignes TER et pour la défense du service public. Ils ont été soutenus par la Fédération Nord du PCF, Les Verts et LFI.

« Votre manifestation procède d’une démarche d’intérêt général », a lancé le sénateur communiste Éric Bocquet à l’adresse des manifestants. Insistant sur la nécessité de maintenir le service public, il a estimé que « la privatisation n’est pas un choix économique, mais un choix idéologique ».

Une démarche d’intérêt général

Comme l’ont redit après lui le député (LFI) Adrien Quatennens et la député européenne (EELV) Karima Delli, il faut plus de trains, plus de rail et plus de salariés. Éric Bocquet n’a pas manqué de rappeler la situation en Grande-Bretagne où le Premier ministre a choisi de renationaliser des entreprises privées du rail. Sur certaines lignes, a-t-il dit, « 50 % des trains arrivaient à l’heure. Sur l’ensemble du territoire, c’était un peu plus de 60 % seulement ». « Tout le monde a droit au train », a ajouté Karima Delli en souhaitant une « tarification sociale, la relance des petites lignes, la relance du fret ferroviaire et la relance des trains de nuit. »

Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, était venu soutenir les cheminots contre l’ouverture à la concurrence. À ses côtés, Karine Trottein, secrétaire fédérale du PCF Nord.
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Côté syndicalistes, dont les représentants avaient été reçus par Franck Dhersin, en charge des transports au conseil régional, on ne s’est pas privé de revenir sur ces « milliers de trains qui ont circulé durant le confinement et les TGV sanitaires qui ont été mis en place par la SNCF. Ailleurs en Europe, aucune entreprise ferroviaire n’a été capable d’en faire autant ». Le service public a ainsi fait la démonstration de sa nécessité. Il l’a refait récemment, lors de la catastrophe liée à la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes. « Les premiers secours ont été apportés par les cheminots », a clamé un représentant de SUD Rail.

L’économie avant l’homme

Auparavant, les responsables du syndicat ont dénoncé tout le mal qu’ils pensaient de la transformation de la SNCF en société anonyme. «  Le bilan social de 2019 présenté lors du conseil économique et social de la Société anonyme Voyageurs TET, TGV, TER, Transilien, Matériel fait apparaître aujourd’hui au grand jour le résultat de cette casse : éclatement de l’entreprise, taille dans les effectifs, augmentation de la productivité, gel des salaires sont autant de moyens que nos dirigeants ont mis en œuvre pour répondre aux critères de la sacro-sainte loi du marché. » Pour les cheminots, cela se traduit aussi par des conditions de travail dégradées, du burn out, des atteintes à leur intégrité physique et morale. « De tels choix montrent que l’on place volontairement l’économie avant l’homme », a appuyé le responsable fédéral de l’organisation. Entre 2017 et 2019, plus de 5 300 suppressions d’emploi sont à déplorer, dont 4 600 agents d’exécution. Pour le syndicaliste, la SA Voyageurs « assume ouvertement et pleinement cette politique qui consiste à créer du chômage en supprimant des emplois, en organisant la précarisation afin de diminuer les droits sociaux des salariés ».

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