METROPOLE LILLOISE

Transport public, service réduit

par FRANCK MARSAL
Publié le 8 février 2019 à 10:37

Les habitants de la Métropole dite « européenne » de Lille n’ont pas pu passer à côté. Leurs bus, tramways et métro sont désormais rhabillés avec un nouveau nom « Ilévia » et un nouveau logo. À quel prix ? Mystère. Bizarrement, ni l’exécutif de la Métropole européenne de Lille (MEL), ni l’exploitant Keolis, n’ont voulu communiquer sur le coût de cette opération cosmétique.

Le même jour, l’ensemble du réseau des bus a été modifié. Et là l’objectif est clair : il s’agit de faire 17 millions d’économies par an sur le budget transport de la MEL. Dix-sept millions d’économies par an, cela fait 85 millions d’économies sur un mandat de 5 ans… Rappelons que le coût estimé du déploiement des portes de contrôle automatique que l’exécutif de la Métropole commence à déployer dans les stations de métros est de 65 millions d’euros. Et qu’avec 85 millions d’euros, on peut construire environ 3,5 km de ligne de tramway.

Les bus, tramways et équipements du métro ont été rhabillés d’une nouvelle livrée aux couleurs d’ilévia, le nouveau nom de Transpole. Photo Albert Lammertyn
© crédit Albert Lammertyn

Résumons : la nouvelle politique de transport public, c’est un service réduit, des prix plus élevés, des investissements qui n’améliorent pas l’offre.

Pollution élevée

La métropole de Lille est pourtant une des agglomérations les plus polluées de France. En 2018, elle a connu 60 jours de pic de pollution aux particules fines (PM2,5) alors que l’OMS s’en inquiète au-delà de 3 par an. A Lille Sud, une étude établit que 17 % des enfants deviennent asthmatiques, 10 points de plus que la moyenne nationale.

De quoi les habitants de la métropole ont-ils donc le plus besoin ? De portiques de contrôle ? D’une coûteuse campagne marketing ? Non. Les citoyens réclament avec de plus en plus de détermination des mesures d’urgences et pragmatiques facilitant l’accès aux transports, comme la mise en place progressive de la gratuité - en commençant par les pics de pollution, les week-ends ainsi que cela a été pratiqué à Dunkerque, ce à quoi ne semble plus s’opposer Martine Aubry. Ils sont également de plus en plus conscients de l’urgence d’un plan ambitieux de développement de l’offre sur cinq ans avec la construction de plusieurs nouvelles lignes de tramways et le développement de l’usage du réseau ferroviaire existant.

Une gestion publique, chiche ?

Ajoutons un troisième pilier à cette vision alternative pour une métropole ouverte et conviviale : la gestion publique des moyens communs et du service public. La gestion en concession par un opérateur n’apporte que de l’opacité à la gestion et des coûts supplémentaires. Les salariés sont également visés par le nouveau plan. La CGT dénonce « des départs en retraite non remplacés  », c’est-à-dire moins d’embauches pour les jeunes et le recours à la sous-traitance par Keolis, qui associe des transporteurs n’appliquant pas la convention nationale du transport public de voyageurs.

Les salariés de Transpole (devenu Ilévia, donc) sont mis en concurrence croissante avec des sous-traitants qui n’appliquent plus les mêmes conventions collectives. Comme tous, les salariés du transport public aspirent simplement à une vie digne et à contribuer par leur travail à un service public accessible à tous.