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Ubérisation

La CGT encourage les livreurs à vélo à s’organiser

Publié le 21 avril 2022 à 21:48

Précarité, pénibilité du travail, travail dissimulé, dangerosité (un jeune livreur est mort écrasé à Lille le 11 janvier)… la condition des livreurs à vélo pour les plateformes numériques ne peut plus durer. La CGT tente de persuader la profession de s’organiser pour faire valoir les droits de ces travailleurs.

Ce mardi 19 avril, le tribunal judiciaire de Paris a suivi les réquisitions du Parquet contre la plateforme Deliveroo France. Celle-ci a été condamnée à payer une amende de 375 000 euros et deux de ses ex-dirigeants ont été condamnés à un an de prison avec sursis. Elle devra également verser 50 000 euros de dommages et intérêts à chacune des cinq organisations syndicales qui s’étaient protées partie civile pour « préjudice moral ». Il s’agit de la CGT, d’Union solidaires, SUD commerces et services, SUD Commerces et services Île-de-France et du Syndicat des transports légers. Ce procès pénal de l’ubérisation était une première. La plateforme a annoncé son intention de faire appel, mais de toute évidence, les choses bougent. Le procès avait été intenté par une dizaine de livreurs qui accusaient l’employeur de maintenir ses travailleurs sous le régime des indépendants. Ils réclament un statut de salarié. La décision du tribunal est importante parce qu’elle reconnaît que la plateforme se rend coupable de travail dissimulé. C’est d’ailleurs ce que dit Ludovic Rioux, de la fédération CGT Transports. Il précise que la procédure « porte sur une période déterminée pendant laquelle les livreurs ont été victimes de travail dissimulé ». Cela étant, la condamnation ne permettra pas de requalifier les contrats de travail, mais, et ce n’est pas négligeable, « cela pèse dans le rapport de force ». Les autres plateformes numériques, comme Uber Eats, Frichti ou Just Eat devront en tenir compte. Voyant dans cette journée du 19 avril une date symbolique, la CGT en a profité pour rencontrer les livreurs à Lille, place Richebé, pour les encourager à s’organiser. Par ailleurs, du 9 au 16 mai auront lieu les premières élections professionnelles pour les livreurs. Pour la CGT, c’est l’occasion de rappeler et de mettre en avant ses revendications : augmentation des tarifs et paiement des temps d’attente, fin des blocages de compte, régularisation des livreurs sans-papiers, financement de la protection sociale par les plateformes. Il s’agit, pour ce dernier point, d’exiger des employeurs qu’ils cotisent pour financer la prise en charge des accidents du travail, de la maladie, de l’assurance-chômage et de la retraite. Lors du procès, Deliveroo s’était défendue en se présentant comme une plateforme de mise en relation entre restaurants et livreurs. Mais, ont argumenté les conseils des livreurs, les règles et conditions de travail relèvent du salariat. Ils ont cité l’exclusivité, les délais et processus de livraison imposés, les formations.