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Le CD2E fête ses vingt ans

L’éco-transition passe à une vitesse supérieure

par Marc DE LANGIE
Publié le 13 décembre 2021 à 15:11

« Il y a vingt ans, parler de transition écologique, de développement durable ou encore évoquer le réchauffement climatique était quelque chose de très mal vu. Établir un lien entre écologie et économie était impossible. Et pourtant, nous l’avons fait. » Jean-François Caron rappelle les difficultés et préjugés lorsqu’il a imaginé la création d’une structure au service de l’éco-transition. Pour le maire de Loos-en-Gohelle, ancien conseiller régional (vice-président en charge du développement durable, délégué à la Troisième révolution industrielle et à la transformation écologique), ce fut tout un parcours du combattant pour convaincre, alors que pour lui il était clair que c’était une nécessité « il fallait faire avancer notre société sur un nouveau modèle économique basé sur la sobriété énergétique, l’utilisation de nouvelles énergies, d’éco-matériaux et d’une économie circulaire ». Une économie verte devait émerger et renforcer l’image du Nord-Pas-de-Calais en pleine crise économique, sociale et environnementale. Aujourd’hui, le CD2E (Création et développement d’éco-entreprises) fête ses vingt ans, et au cours de cette période il a été « la démonstration unique. Une nouvelle version 2.0 de l’éco matériau » sou- ligne son président Benoît Loison. Pour souffler les vingt bougies, la journée du 28 septembre a été marquée par l’inauguration de Bâticité, et des rencontres avec les professionnels des différentes filières ainsi que des échanges et des témoignages sur le rôle, les activités du CD2E, l’éco-transition. Il s’agissait par ailleurs de se projeter dans les prochaines années avec, pour l’occasion, un passage de témoin : Jean-François Caron laissait sa place à Benoît Loison au titre de président. Le CD2E a surtout joué un rôle « collectif », faire émerger de nouveaux acteurs et les faire travailler ensemble. C’est ainsi qu’a été créé le collectif paille. Pour Isabelle Bardy, le CD2E « a permis d’établir une feuille de route pour le développement. Un facilitateur en quelque sorte » pour valoriser au niveau régional une matière qui ne l’était pas. Le collectif a pu « faire évoluer la technique, former des opérateurs, développer la recherche. Cet isolant représente 10 % de production de paille de la région ». Ce rôle d’intermédiaire a été profitable pour le collectif des acteurs du passif. Pour Nicolas Gantier, « nous avons fait la promotion des constructions passives. Les-Hauts de-France arrivent au premier rang par le nombre de maisons passives construites en France ». Lorsqu’on évoque la revalorisation de sous-produits, Christophe Deboffe, président de Neo Eco retrace le chemin parcouru en dix ans pour valoriser les sédiments en matériaux nouveaux. Sur un volume annuel de 55 millions de tonnes, seuls 10 % sont revalorisés. L’idée est de faire de la déconstruction une reconstruction, et les exemples sont de plus en plus fréquents d’entreprises qui réutilisent leurs matériaux. L’objectif des prochaines années est la neutralité carbone et pour Hervé Pignon, directeur régional de l’ADEME « il y a un rétro calendrier à créer et la totalité des acteurs doivent le faire. Seule solution pour que l’objectif de 2050 soit atteint ». Si la priorité reste le bâtiment, de nouvelles pistes seront à explorer et développer au cours des prochaines années. Il faut « se resynchroniser » ajoute Frédérique Seels, directrice du CD2E et surtout passer à une étape de « massification » pour que le développement puisse se généraliser encore plus.