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À Dunkerque

Un collectif dénonce le système de tri des déchets ménagers

Publié le 21 janvier 2022 à 15:46

Regroupant onze associations, syndicats et formations politiques (dont la JC, le PCF et les Insoumis Dunkerque), le Collectif déchets communauté urbaine de Dunkerque adresse une lettre ouverte aux élus de l’agglomération. Sous le titre « De l’excellence vers la gabegie générale », elle dénonce les dérives de la collecte et du traitement des déchets sur ces trente dernières années.

L’excellence, lorsque la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) s’est intéressée au processus de tri et au recyclage des déchets. Cela avait conduit, en 1989, à la création de la société d’économie mixte Triselec. La CUD était alors la première collectivité à mettre en place le tri des déchets par les particuliers. Ces derniers étaient invités à mettre les produits recyclables dans une poubelle bleue et les non récupérables, destinés à l’incinération, dans une poubelle marron. Petit à petit, tout le territoire communautaire a été pourvu de ces bacs gratuits. Les médias observaient l’expérience de près. Le regard sur les déchets était en train d’évoluer et on assistait à la construction de déchèteries sur tout le territoire. D’ailleurs, la CUD a obtenu l’Oscar de l’environnement un an plus tard, en 1990. La communauté urbaine avait justement misé sur le réemploi, la valorisation et le recyclage. On parlait d’environnement, de compostage, de récupération d’énergie, de développement durable. En 2001, elle s’est dotée d’un Centre d’incinération avec valorisation énergétique (CVE) puis d’un Centre de valorisation organique (CVO). Mais, explique le collectif, tout dérape en 2020 avec « la décision unilatérale de mettre en place une expérimentation de collecte par sacs plastique sur deux secteurs (quartier de Rosendaël à Dunkerque et commune de Cappelle-la-Grande) ». Cette décision a été prise « au sein de la conférence des maires de la communauté urbaine de Dunkerque », une instance dont le collectif se questionne sur la légitimité d’autant qu’elle « ne réfère ni aux élus du conseil communautaire, ni aux élus des conseils communaux ». L’expérimentation de la collecte par sacs plastique mélangés a montré rapidement ses inconvénients. Plusieurs organisations (associations écologique et politiques) ont souhaité une concertation pour évaluer les situations et trouver des solutions. Cela n’a donné aucun effet. C’est pour cette raison que s’est constitué le collectif en 2021. Mais là encore, un premier courrier adressé aux président de la CUD et aux élus du conseil communautaire est demeuré sans effet. Le collectif y voit même une « omerta » et un refus de démocratie participative. Les membres du collectif voulaient en fait « constater “de visu’’ le déchargement des camions de collecte de Rosendaël et Cappelle-la-Grande sur le site d’accueil ». Ils voient dans la pratique de la CUD une « expérimentation décevante qui n’apporte pas d’amélioration à la collecte faite jusqu’à présent et qui crée plus de problèmes qu’elle n’en résout : sacs crevés, pollution des produits recyclables, manutentions plus nombreuses, hygiène en baisse, pertes de temps, pertes de produits recyclables dont la moitié environ part en incinération ! ». Le nouveau système a nécessité beaucoup d’investissements comme la construction d’un bâtiment d’accueil pour trier les sacs, la construction de chaînes de tri (bandes transporteuses, robots de tri, bennes de transfert des sacs) et des robots. Au minimum, ces investissements auraient coûté 35 millions d’euros sans compter le coût de fonctionnement dont le chiffrage n’est pas connu. Le collectif estime que ce choix représente 2,6 millions d’euros de rallonge budgétaire par rapport au budget primitif et prévisionnel pour la gestion des déchets en 2021. Par ailleurs, le Centre de valorisation organique (CVO) qui a coûté 20 millions d’euros a été fermé. Enfin, à l’heure où l’Europe veut interdire les plastiques à usage unique, le coût d’achat des sacs - à usage unique pour plus de 100 000 tonnes de déchets annuels - revient à deux millions d’euros par an. Et de conclure : « Contraindre la population à mélanger des déchets recyclables en sacs avec ceux qui sont destinés à l’incinération pour devoir, ensuite, mettre en œuvre une robotique complexe, fragile et coûteuse pour les trier est une insulte à l’intelligence, à l’écologie, aux habitants, aux travailleurs de la filière collecte-recyclage. »