Projet de serre tropicale

Un parfum d’exotisme en Côte d’Opale

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 12 février 2021 à 16:12

L’implantation, non loin de la Baie de l’Authie à l’horizon 2023, d’une serre tropicale génère des débats passionnés : projet innovant respectueux de la nature pour les uns, « aberration écologique » pour les autres.

En 2016, Cédric Guérin remisait sa blouse de vétérinaire pour endosser ses habits d’entrepreneur. Deux ans plus tard, en mars 2018 à Berck, entouré d’un parterre d’élus locaux et de partenaires potentiels, il révélait au grand public la nature de son ambitieux projet. Depuis, une trentaine de personnes travaillent à sa concrétisation. Le permis de construire sur près de dix hectares a été validé en octobre 2019. Un recours pour « excès de pouvoir » devant le tribunal administratif a bien été engagé par le Groupement de défense de l’environnement de l’arrondissement de Montreuil (GDEAM), « mais il n’est pas suspensif. Le jugement en première instance sera sans doute rendu en septembre prochain », précise Cédric Guérin qui envisage « un début des travaux dès cette année ».

Animaux et plantes exotiques

En 2023, au cœur de la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Champ Gretz à Rang-du-Fliers, pourrait ainsi s’élever une serre tropicale de 20 000 m2, la « plus grande du monde » maintenue à une température de 28°C. Point question ici d’importer des hippopotames ou des grands singes, mais bien de privilégier une microfaune (papillons, etc.) évoluant en semi-liberté, entre forêts, jardins et cascade. Son dôme de 35 mètres de hauteur abriterait des insectes, des amphibiens, des oiseaux, des poissons, mais aussi des arbres et plantes exotiques.

Intérêt pédagogique

Une façon pour Cédric Guérin à la tête d’Opale Tropical Concept, la holding qui porte ce projet, d’associer son « expertise de vétérinaire et la passion que je voue depuis très longtemps à la faune et à la flore des tropiques ». Avec pour objectif « de permettre à des personnes qui n’ont pas les moyens de s’y rendre, de vivre une expérience immersive. Et surtout de les sensibiliser à la notion de respect de la nature et de la biodiversité ».

Serre « écoresponsable »

Et Cédric Guérin de vanter la dimension écologique de cette « serre qui, grâce à l’innovation Terraotherme, bénéficiera d’une autonomie énergétique et sera même productrice de chaleur excédentaire ». Son coût ? 70 millions d’euros. Il devrait être financé « par des partenaires privés du cru soucieux de participer au développement économique de notre région, mais aussi des banques et des fonds d’investissement ». À hauteur de dix millions d’euros, la Région et l’Union européenne lui accorderaient « des subventions sur l’innovation technologique en matière d’énergies renouvelables ». La Communauté d’agglomération des 2 baies en Montreuillois et la Région lui délivreraient par ailleurs une « avance remboursable » de 2 400 000 euros. Soutenu par les élus locaux dont le maire de Berck qui y voit une « opportunité extraordinaire », Cédric Guérin ne doute guère de la viabilité de son entreprise, rappelant qu’« Eden Project, un jardin botanique sous bulle dans les Cornouailles (Angleterre), attire un million de visiteurs par an ». Lui, il en espère 500 000.

Une centaine d’emplois à la clé ?

Tropicalia permettrait la création de « 145 emplois directs » notamment liés à l’équipe opérationnelle et « aux activités de restauration, de boutique, de nettoyage et de maintenance que nous sous-traiterons ». Une fondation dont la mission sera de « financer des projets pédagogiques, un centre de soin pour la faune sauvage et des programmes d’élevages de papillons indigènes pour repeupler nos campagnes », devrait aussi voir le jour prochainement. L’attractivité du site serait, selon lui, de nature à booster l’hôtellerie et la restauration aux alentours. Et par ruissellement « susceptible de favoriser la création de 238 autres emplois ». Gérant de gîtes au Domaine du Collen à Lépine à quatre kilomètres du site, Benoît Fiolet croit en ce projet susceptible de « compléter l’offre touristique (Bagatelle, Nausicaa) d’autant qu’ici nous sommes pauvres en loisirs d’intérieur. En cas de pluie, la serre sera une solution de repli. Ce sera aussi une aubaine pour les enfants. Quant au dôme, il est superbe. Et je préfère être confronté à ce type d’architecture qu’à des hangars ».

Lire aussi : Une « politisation du débat » autour de Tropicalia ?

(Photo : La serre s’étendrait sur 20 000 m2. © Cédric Guérin)