Dunkerque

Vents contraires pour les éoliennes

Publié le 13 décembre 2021 à 16:03

Invité le 31 octobre de « Questions politiques », l’émission de France Inter, le maire de Dunkerque, et président de la communauté urbaine Patrice Vergriete assurait que le projet de parc éolien offshore (46 machines au large de Dunkerque) est accepté par la grande majorité des habitants. Pas si évident.

« Dans un pays démocratique, la sensibilisation de la population est fondamentale. » L’élu dunkerquois se veut rassurant. Il peut s’appuyer sur les conclusions du débat public (voir l’encadré ci-dessous) et sur la concertation qui se poursuit. Pas question pour lui de « passer en force », d’autant que Patrice Vergriete défend l’idée d’un mix entre l’énergie renouvelable que procureront les éoliennes et la production de la centrale nucléaire de Gravelines. Cette centrale nucléaire est la plus grande d’Europe et il existe désormais un projet d’implantation de deux EPR à Dunkerque. L’environnement industriel du littoral nécessite une production importante d’énergie. Ainsi, défend encore l’élu, « l’équivalent de la totalité de l’électricité qui sera produite par le parc éolien offshore sera consommé par l’usine sidérurgique Arcelor Dunkerque. Quand nous voudrons décarboner, il va nous falloir de la production d’électricité massive. Il nous faut de l’éolien, du solaire, du nucléaire ». Ce choix assumé se heurte néanmoins à un collectif d’habitants, « Vent Debout 59 », qui s’est constitué en octobre 2020 à la suite des réunions du débat public. Au départ, explique ce collectif sur son site internet, rien ne prédisposait ces habitants à s’opposer au projet. Mais, peut-on lire, « les informations que nous avons reçues lors de ces réunions de débat public nous ont effaré ! En effet, le promoteur a prévu d’implanter 46 éoliennes de 300 m de haut à 10 km à peine de la côte entre Dunkerque et Bray-Dunes. Aujourd’hui le collectif se structure en association pour pouvoir porter des recours en justice ». Il demande un référendum auprès de la population et a lancé une pétition qui a recueilli plus de 8 000 signatures. Le député (MDC) de la 13e circonscription du Nord, Christian Hutin, monte également au créneau et a récemment interpellé le Premier ministre via une question écrite. Il se dit sidéré par le gigantisme du projet en reprenant l’un des arguments de « Vent Debout59 qui compare les 46 éoliennes à autant de « Tours Eiffel » au large. Le député s’interroge également sur les risques accidentels sur « ce type de site » et sur la présence d’un radar de la Marine nationale qui, selon la ministre des Armées elle-même, Florence Parly, devrait mettre le projet éolien hors jeu. Dans un interview qu’il a accordée à La Voix du Nord le 20 octobre dernier, Christian Hutin se pose enfin des questions sur « les revenus qui vont advenir de ce parc éolien (...). J’aimerais bien savoir qui va faire du pognon sur le dos des Dunkerquois ». Assurant ne pas vouloir baisser la garde, il estime que le projet pourrait rencontrer des problèmes en termes de légalité. Du côté des communistes, on se montre tout aussi critique. La section de Dunkerque-Littoral du PCF a écrit à Barbara Pompili. Lors de sa venue à Dunkerque, la ministre de la Transition écologique avait alors balayé d’un revers de la main l’idée d’un référendum sur l’implantation des éoliennes en mer. Pour Delphine Castelli, secrétaire de la section du PCF, « la production d’énergie (600 mégawatts – ndlr) sera minime au regard de l’investissement, sans compter les nuisances causées par ces éoliennes ! ». Chez « Vent Debout59 », l’argument de l’emploi (une cinquantaine) ne tient pas. Le collectif oppose des raisons environnementales : le projet est prévu au cœur d’un site « Natura 2000 » et se situe sur un couloir de migration pour les oiseaux. Autre opposant : la Belgique qui s’est dite inquiète pour son littoral.

L’engagement des maîtres d’ouvrage Le débat public autour du projet éolien en mer s’est déroulé du 14 septembre au 20 décembre 2020 sous l’égide de la Commission particulière du débat public (CPDP) nommé par la Commission nationale du débat public (CNDP). 1 100 participants ont été accueillis lors des neuf réunions qui ont jalonné le débat. À la suite de ce débat, la société Eoliennes en mer de Dunkerque (EMD) [pour le parc éolien en mer] et RTE (Réseau de transport d’électricité) [pour son raccordement au réseau électrique terrestre], ont annoncé en mai 2021 leur décision de poursuivre le développement du projet de parc éolien offshore. Les maîtres d’ouvrage se sont engagés sur quatre points : > La construction du projet avec le territoire ; > Le renforcement les mesures en faveur de la biodiversité ; > Une attention particulière à l’intégration paysagère ; > L’inscription du projet dans le plan de relance pour générer des retombées socio-économiques positives pour le territoire.