Un mari jaloux égorgé à coups de rasoir par son épouse. Une femme infidèle jetée par la fenêtre. Des gâteaux empoisonnés vendus sur le marché. La gare mise à sac. Des pochards qui cassent chopes et vaisselle dans des estaminets. Un Polonais assassiné par deux compatriotes… Dans son dernier opus édité à compte d’auteur, Bertrand Cocq nous livre à l’état brut une série de faits divers recensés à Calonne-Ricouart au gré de ses lectures de la presse régionale de L’Avenir d’Auchel au Grand Echo du Nord. Par respect pour leurs descendants, il préserve cependant l’identité des contrevenants ayant eu maille à partir avec la Justice. À le lire, l’« insécurité » que les démagogues et politiciens sans scrupules nous brandissent aujourd’hui tel un sésame électoral, nous paraît bien relative…
Ruche ouvrière
À Calonne-Ricouart, le boom charbonnier a, ici comme ailleurs, bouleversé le quotidien d’une commune qui passe de 1 400 habitants avant la Grande Guerre à 13 000 en 1926. « Un paisible village a été transformé en ruche ouvrière et les journaux de l’époque témoignent de cette agitation », précise Bertrand Cocq. Une main-d’œuvre venue de Pologne contribuera à cette expansion démographique. Au grand dam du journaliste du Grand Echo du Nord qui s’émeut, en janvier 1922, de la présence de « certains de ces étrangers qui font tout ce qu’il faut pour se rendre insupportables ». « Au sortir de la Première Guerre mondiale, certaines communautés ont dû faire, non sans mal, leur place ici », confirme Bertrand Cocq. Un rappel de bon sens qu’apprécieront aujourd’hui les tenants du mythe d’une intégration exemplaire des Polonais dans la société française.
Crimes impunis
L’auteur fait aussi la part belle à l’univers minier et ses drames comme cet éboulement qui coûte la vie à trois ouvriers en août 1932… sans que la responsabilité patronale ne soit engagée. Les temps ont-ils vraiment changé ? Combien de crimes patronaux aujourd’hui restés impunis ? De Benoît Broutchoux à Arthur Lamendin, les figures du syndicalisme régional retiennent toute l’attention de ce petit-fils de porion licencié par les Houillères en 1948. « Peut-être les lecteurs auront-ils envie de creuser l’itinéraire de ces militants ? » se demande-t-il, tout en rappelant qu’à l’époque « l’ouverture d’un journal était un moment privilégié. La presse était l’unique moyen d’être informé des faits divers alors qu’aujourd’hui les réseaux sociaux, les chaînes de télévision, nous abreuvent d’informations en continu au risque de multiplier les erreurs ».
Chroniques calonnoises est disponible à la Maison de presse, 14, rue de l’Eglise à Calonne-Ricouart. Rens. auprès de Bertrand Cocq : bertrand62 @ gmail.com.