Un anniversaire fêté avec éclat

Cent ans de présence polonaise dans la région

par Jacques Kmieciak
Publié le 17 mai 2019 à 18:11

Comme à Marles-les-Mines, ce dimanche 19 mai, la communauté franco-polonaise et le mouvement ouvrier célèbrent, cette année, le centième anniversaire de l’arrivée massive de travailleurs polonais dans la région.

C’est le 3 septembre 1919 qu’est signée à Varsovie entre les États français et polonais une convention qui fixe le cadre de l’arrivée massive de travailleurs polonais dans l’Hexagone. Dans la foulée de la Grande Guerre, il leur est assignée la tâche de relever un pays dévasté. La plupart sont embauchés dans les mines de charbon ou de fer du Nord et de l’Est ou encore dans l’agriculture. D’emblée, le Nord et le Pas-de-Calais deviennent les départements les plus « polonisés » de l’Hexagone. En 1931, 500 000 Polonais sont installés en France. L’heure est au repli sur soi au sein de « petites Pologne » aux allures de ghettos pourvus d’écoles, de commerces, de chapelles.

A l’époque, les services du ministère de l’Intérieur déclarent« inassimilables »ces immigrés. Les compagnies minières soucieuses de préserver leur main-d’œuvre de l’influence jugée « pernicieuse »du syndicalisme marxisant, favorisent ce splendide isolationnisme ! Tout comme le consulat général et la puissante Mission catholique polonaise, attachés à cultiver au sein de cette communauté le culte de Dieu et de la Patrie (Bog i Ojczyzna), dans la perspective d’un retour en Pologne. Un pays qui, avec le maréchal Pilsudski puis les colonels, sombre alors dans la dictature...

Les renvois massifs des années 1930

Le retour au pays sera imposé par l’ État français à des milliers d’entre eux au début des années 1930. Le capitalisme est en crise. L’heure est à la récession économique et au chômage de masse. La République cède aux sirènes xénophobes d’une partie de sa population. De 1931 à 1936, un Polonais sur quatre gagne la Pologne nobiliaire et sa misère crasse.

Entre francisation et biculturalité

Les tristes spectacles de bûchers improvisés (les Polonais préféraient brûler leurs maigres biens (meubles, etc.) plutôt que de les céder à vil prix à leurs voisins) restent ancrés dans la mémoire collective. Dans le même temps, la répression s’intensifie à l’endroit des militants communistes et des syndicalistes, victimes d’expulsion. Puis la déclaration de guerre en 1939 hâte la fin d’un courant migratoire qui s’inverse à la Libération ! De 1946 à 1948, 62 000 Polonais de France quittent l’Hexagone pour la Pologne. Des rapatriements volontaires cette fois suggérés par la Pologne populaire confrontée à la nécessité de la reconstruction. Une majorité fait cependant le choix de l’installation définitive sur le sol français…

Au cours des décennies suivantes, la francisation de la Polonia s’accélère. En 1989, faute de lecteurs en nombre suffisant, Narodowiec,dernier quotidien de langue polonaise en France, cesse sa parution. Quelques mois plus tard, Stéphane Kubiak et François Kmiecik, parmi les plus réputés des chefs d’orchestre, remisent leur bandonéon. Tout un symbole ! A la charnière des années 1980 et 1990, une page se tourne même si le succès populaire des salons gastronomiques ou des prestations des troupes folkloriques s’est à peine démenti.

Aujourd’hui, les Polonais d’origine de moins de cinquante ans (4e et 5e générations) ne parlent pas la langue de Mickiewicz, ignorent tout de l’histoire ou de la civilisation polonaises. Pour la plupart, ils sont « dépolonisés » même si le portrait d’une babcia, le souvenir d’une mélodie des Tatras, ou la couette de plumes (pierzyna) les renvoient inévitablement à la réalité de leurs origines. D’autres, souvent plus âgés, continuent courageusement à porter haut l’étendard de la polonité et de l’amitié franco-polonaise. Refusant une logique d’assimilation, ils affichent une biculturalité vécue comme une richesse.

Parmi les temps forts

Sin-le-Noble 14 juin, maison Henri-Martel, au 164, rue Voltaire Conférence de Jacques Kmieciak "Les Polonais du Nord : un exemple d’intégration réussie ! Mythe ou réalité ?"

Grenay 31 août, Inauguration du rond-point "Edward-Gierek", à la cité 11

Calonne-Ricouart 14 et 15 septembre, salle Lary, Chrusciki party (salon du livre polonais, reconstitution d’un mariage, guinguette, conférences)

Divion 21 et 22 septembre, salle Georges- Carpentier salon gastronomique et artisanal, conférence, concert de Patrick Malewicz