Anniversaire

Il y a cent ans naissait Le Prolétaire

par Franck Jakubek
Publié le 14 février 2020 à 18:14 Mise à jour le 17 février 2020

28 Pluviose, an CXXVIII de l’ère républicaine, soit le 14 février 1920 comme la manchette l’indique, paraissait à Hellemmes le premier numéro du journal Le Prolétaire, « Socialiste, Syndicaliste, Coopératif ». En haut, à droite, une simple phrase, extraite du Manifeste du Parti communiste, montre le chemin : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

La fédération du Nord de la section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) vient de tenir son congrès. Elle a désigné ses représentants pour celui de Strasbourg avec un mandat quasi unanime réclamant le retrait de la France de la IIème Internationale... Un certains nombre de sections, dont celle d’Hellemmes dans le Nord, sont déjà favorables à suivre « ce qui se passe à l’Est ». Au congrès de Strasbourg, la décision est prise de quitter la deuxième Internationale. Frossard et Cachin vont être envoyés comme émissaires à Moscou pour préparer l’adhésion à la troisième Internationale. Une adhésion qui amènera la création de la Section française de l’Internationale ouvrière et la scission entre les deux courants du socialisme lors du Congrès de Tours en décembre de cette même année 1920. Le PCF fait ses premiers pas et nous reviendrons sur le sujet tout au long de cette année du centenaire. Nous n’en sommes pas là.

Quel est le but fixé par les fondateurs du journal ? « Tirer profit du chaos politique et économique créé par la guerre pour remuer les masses populaires les plus profondes pour culbuter la société bourgeoise. » Au sortir de la Grande Guerre, de l’infâme boucherie industrielle, les auteurs du Prolétaire dénoncent le « bourrage de crânes » dont les ouvriers ont été victimes. Le Prolétaire dénonce le mensonge organisé par « la presse bourgeoise » qu’il qualifie de « vénale et servile » et l’accuse de semer « le désarroi dans les consciences et le trouble dans les esprits ». On le voit, le ton était plus direct à l’époque. Et le journal devient le ferment de la constitution du PCF dans le Nord. Sa diffusion devient clairement un des éléments de développement du Parti. Certains articles sont signés, d’autres pas.

Le Prolétaire, dont le siège est fixé au 35, rue Sadi-Carnot à Hellemmes, parle des luttes syndicales dans le textile, à Roubaix et Tourcoing, à l’usine de Fives, donne des nouvelles de l’international et de l’activité locale des sections dans une rubrique intitulée «  Nouvelles rouges », un chant par semaine, le premier étant « L’Internationale »...

Vendu 10 centimes, il est aussi soutenu par un certain nombre de commerçants, pour la plupart Hellemmois, y faisant chaque semaine leur réclame. Parmi les fondateurs du journal figurent notamment Clotaire Delourme et Florimond Bonte. Nous retrouverons ce dernier à la barre de Liberté à sa création en 1944.