Sorti en 1916, le roman d’Henri Barbusse a étonnement été épargné par la censure militaire et immédiatement couronné par le Prix Goncourt. « Ce livre marque un tournant dans la narration des guerres. Il tranche avec le bourrage de crânes, avec une vision héroïque et falsifiée de la guerre en cours depuis le début du conflit. Avant Barbusse, ce sont les généraux qui racontaient leurs exploits. On ne tenait pas compte de la misère des combattants, de leur souffrance. Encensé en URSS, Barbusse est devenu après-guerre le porte-étendard du pacifisme », précise Yves Le Maner.
Un accueil protéiforme
Si ce roman réaliste est bien accueilli par les poilus, il provoque l’ire des milieux d’extrême droite qui reprochent à son auteur de propager le défaitisme. À tort puisque Barbusse « s’est engagé en 1914 et souhaitait une victoire “juste” contre l’Allemagne qu’il considérait comme responsable du conflit », rappelle-t-il. Plus tard, l’Américain John Norton Cru analysera tous les livres édités s