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Les mythes de l’Histoire moderne détricotés

par Jacques Kmieciak
Publié le 20 janvier 2020 à 11:26

Historien et universitaire belge vivant au Canada depuis un demi-siècle, Jacques R. Pauwels publie en anglais ou en néerlandais, sa langue natale. On lui doit déjà les excellents Le Mythe de la bonne guerre, Les États-Unis et la Deuxième Guerre mondiale (Aden, 2005) ou encore 1914-1918 : la Grande Guerre des classes (Aden, 2014), traduits en français. L’homme récidive dans sa traque aux impostures, avec Les Mythes de l’Histoire moderne  [1]. Après un chapitre introductif consacré à la Révolution française, il plonge le lecteur au cœur d’un tumultueux XXe siècle illuminé par l’avènement en Russie d’un État socialiste fondé sur la propriété collective des moyens de production. Un tournant majeur de l’Histoire du monde, qui suscitera un fol enthousiasme auprès des masses exploitées, mais surtout un déchaînement de violences verbales et d’offensives guerrières dans le camp des possédants. Ces manifestations d’anticommunisme s’imposent encore aujourd’hui en Occident, de sournoise façon, dans les livres scolaires, sur les plateaux de télévision, au fil des documentaires...

Ainsi, les grands évènements du siècle dernier (Révolution d’Octobre, avènement du IIIe Reich, les deux guerres mondiales, etc.) y sont systématiquement exposés à l’aune d’interprétations présentées comme irréfutables, mais qui relèvent en réalité d’un parti pris idéologique. S’appuyant sur ses propres travaux ou les recherches d’historiens réputés (Annie Lacroix-Riz, Arno Mayer, Grover Furr, etc.), Jacques R. Pauwels en fait la démonstration dans cet ouvrage. Il s’emploie à détricoter ces mythes parmi les plus courus.

Pourfendre la « pensée unique »

Pendant la Première Guerre mondiale, d’aucuns imaginent encore que les Alliés combattirent pour la liberté et la démocratie !

« Non, répond Pauwels. Elle fut déclenchée par les élites qui pensaient, via la guerre, bloquer le processus de démocratisation et chasser le spectre de la révolution incarnée par le mouvement ouvrier. »

La Révolution d’Octobre fut un coup d’État fomenté par Lénine et ses bolchéviks. Elle déboucha sur une dictature qui allait engendrer toutes sortes de malheurs et de calamités en Russie et dans le monde !

« Faux, répond l’auteur. C’est grâce à cette révolution que l’URSS put se développer en peu de temps en une superpuissance, que les colonies purent acquérir leur indépendance et que les pays occidentaux purent bénéficier d’un degré élevé de bien-être. »

La Seconde Guerre mondiale a été planifiée personnellement par Hitler qui a contraint les grandes entreprises et les banques à le suivre dans son aventure meurtrière !

« Pas du tout, assure-t-il. Les industriels et banquiers de l’Allemagne ont contribué à mettre Hitler au pouvoir parce qu’ils savaient que, sous sa direction, l’Allemagne partirait en guerre et qu’ils gagneraient des sommes colossales. »

Le traité germano-soviétique d’août 1939, la bataille de Pearl Harbor, Hiroshima et Nagazaki, d’autres « temps forts » sont abordés dans cet ouvrage à l’indéniable vocation pédagogique. À mettre entre toutes les mains...

Notes :

[1Les Mythes de l’Histoire moderne, par Jacques R. Pauwels, Investig’Action, 334 p., 18€.