Ancien résistant, journaliste à Liberté

Michel Defrance, personnage d’une bande dessinée

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 12 février 2021 à 17:19

C’est aux Amis de la Résistance-Anacr [1] Lille et environs réunis samedi dernier à Loos, que Christian Aubin avait tenu à donner la primeur de sa bande dessinée Michel, résister dans Paris occupé. Le personnage principal reste, en effet, aujourd’hui encore, l’une des figures de l’association : Michel Defrance. Au-delà du cercle des anciens résistants, beaucoup se souviennent du journaliste à Liberté de 1945 à 1983 (par la suite, directeur de la publication de Liberté Hebdo), du citoyen engagé, du couple qu’il formait avec son épouse Henriette, et, bien sûr, du porteur de la mémoire résistante témoignant inlassablement dans les lycées et collèges jusqu’à sa disparition en 2017, à l’âge de 92 ans. Bien peu cependant connaissaient le parcours durant l’occupation du jeune rebelle engagé dans l’action illégale en mars 1942, le jour de ses 17 ans, peut-être parce qu’il s’était déroulé hors de notre région.

Même s’il s’agit globalement d’une œuvre de fiction, Christian Aubin et le dessinateur Antoine Landais se sont largement inspirés de la vie réelle de celui qui, dès l’automne 1940, fuit Boulogne-sur-Mer pour Paris où son père, recherché, s’est réfugié. Dès lors, l’existence de Michel Defrance bascule. Arrêté en compagnie de sa mère durant l’été 1942, le voilà interné au centre des Tourelles. Il s’en évade sept mois plus tard, vit caché, puis gagne la Bretagne où il participe à la bataille du rail au sein du groupe FTP Félix Cadras. Contraint de fuir à nouveau, il séjourne dans le Nord, puis part en Seine-et-Marne où il est arrêté et, à cette occasion, grave- ment blessé, en août 1944, à quelques jours de la Libération. Promis à une mort certaine, Michel Defrance ne devra son salut qu’à un coup d’éclat d’un groupe de résistants qui l’extirperont de l’hôpital au nez et à la barbe des militaires allemands. Parallèlement à un patient travail de recherche, Christian Aubin, auteur des textes, assisté de Dominique Defrance (la fille de Michel) et d’Antoine Landais, dont le dessin plein de talent restitue à la perfection l’ambiance de l’époque, ont mis trois ans pour mener à bien leur projet. La bande dessinée a reçu un excellent accueil lors de tests réalisés, au cours de son élaboration, auprès de collégiens de deux établissements. Appréciation positive confirmée, samedi dernier, lors de l’assemblée des Amis de la Résistance, notamment auprès des enseignants présents. Cette bande dessinée tous publics, prochainement mise en vente, a aussi été conçue comme un outil pédagogique destiné à continuer le travail de passeurs de mémoire des anciens résistants, notamment auprès des jeunes scolaires. Un dossier vient compléter la BD, fournissant quelques repères précis sur le parcours de Michel Defrance, et reproduisant quelques photos et documents inédits. Cette BD, qui couvre la période 1940-1943, devrait être suivie d’un second tome.

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Notes :

[1Association nationale des anciens combattants de la Résistance.