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Usine de Fives

Résister se conjugue au présent

par MARC DUBOIS
Publié le 31 mai 2022 à 07:42

C’est autour d’une stèle enfin dégagée après des années de travaux dans son environnement, que se déroulait ce lundi 23 mai l’hommage aux fusillés et déportés de l’Usine de Fives à Lille, dans le cadre de la Journée nationale de la Résistance. La magnifique sculpture de Jean-Baptiste Leturcq et les plaques sur lesquelles sont gravés les noms des 26 résistants victimes du nazisme durant la dernière guerre et des 400 ouvriers, cadres, techniciens et ingénieurs disparus lors les deux guerres mondiales du XXe siècle, étaient oubliés des plans initiaux de réhabilitation du site Fives-Cail. Au nom de l’Institut d’histoire sociale (IHS) de la métallurgie CGT Nord-Pas-de-Calais, sa secrétaire, Pascale Montel, a tenu à remercier « toutes celles et tous ceux qui ont contribué à (leur) préservation ». De même a-t-elle souligné le travail réalisé par Colette Becquet et le Comité de Lille de l’Anacr (Amis en anciens combattants de la Résistance) pour retrouver les noms et biographies des fusillés et déportés recensés désormais dans un beau livret « parcours de mémoire » qui vient d’être publié (voir ci-dessous). Depuis plusieurs années maintenant, l’Anacr effectue un travail de mémoire en lien avec l’IHS de la métallurgie CGT, présidé par Jean-Pierre Hapiot, les habitants du quartier et le lycée hôtelier international implanté sur le site Fives-Cail. Quatre classes de ce dernier (CAP et bac pro) et leurs professeurs de lettres-histoire, Mmes Boudou et Dumont, participaient ainsi à l’hommage ce lundi. Ce travail est à l’origine de l’attribution des noms de Résistants aux rues nouvellement créées : rue Marcel-Bouderiez, dirigeant de la CGT et du Parti communiste, résistant FTP fondateur du comité de défense de l’usine de Fives-Lille, fusillé à Bondues le 14 décembre 1943 ; rue Adèle-Duriez, infirmière, résistante FFL et FFC, agent de renseignement et d’évasion, décédée en déportation à Ravensbrück. Les lycéens intervenant cette fois avec la lecture d’un extrait - en français et en allemand - du premier tract du groupe de jeunes résistants allemands la Rose blanche, des biographies d’Adèle Duriez et de Charles-Louis Picavet (CGT, PCF, adjoint au maire de Lezennes) et le Chant des partisans, accompagnés de Jean Lanquetin. Tandis que « les guerres persistent », en Ukraine, dernière en date, Pascale Montel a rappelé que le combat pour la Paix est plus que jamais nécessaire. De même, « résister se conjugue au présent contre la montée de l’extrême droite, du racisme, de la xénophobie, la stigmatisation et la peur de l’étranger » que génère le capitalisme. « Il nous faut faire effort pour apprendre notre histoire sociale et, ce n’est pas le moins important ! la transmettre » insiste-t-elle, citant le fondateur de l’IHS CGT de la métallurgie, Jean-Pierre Delvallez. Pour Colette Becquet, « l’esprit de Résistance suppose courage, fermeté et fidélité. Il réclame surtout de savoir dire non ». Celle-ci rappelle que 1942 fut marquée par « la répression renforcée face à une Résistance qui s’organise et doit se renouveler sans cesse ». À Fives, « près de la moitié des combattants dont les noms figurent sur la plaque du mémorial, a été arrêtée » cette année-là. Mais 1942 marque aussi un tournant du conflit mondial, notamment avec l’accélération du « processus d’unification des forces de la Résistance » jusqu’à la création du Conseil national de la Résistance le 27 mai 1943 et la publication de son programme le 15 mars 1944.

Un livret « parcours de mémoire » Les noms, photos et les courtes biographies des résistants fusillés et déportés figurent dans le beau livret Résistance à l’Usine de Fives-Lille. Parcours de mémoire réalisé par le Comité de Lille et environs de l’Anacr. Outre ces portraits, le document de 22 pages évoque brièvement l’histoire de l’usine depuis 1865, avec Pierre Degeyter, compositeur de l’Internationale, la Résistance et certains aspects méconnus comme la présence d’urnes contenant de la terre et des cendres prélevées dans les camps de concentration de Ravensbrück et Buchenwald et sur le talus où furent fusillés 86 habitants d’Ascq.

Ce livret est disponible au prix de 5 € auprès de l’Anacr de Lille : ANACR_Lille_Environs @ protonmail.com ou 06 82 04 63 16.