À Arras, dans sa ville natale

Robespierre aura son musée

par Jacques Kmieciak
Publié le 4 septembre 2020 à 16:38 Mise à jour le 21 septembre 2020

La municipalité d’Arras projette l’ouverture d’un musée dédié à Maximilien Robespierre (1758-1794) à l’horizon 2026. Les amis de l’Incorruptible s’en réjouissent !

Il s’agit d’une revendication trentenaire de l’association Les Amis de Robespierre pour le bicentenaire de la Révolution française (ARBR) fondée en 1987. Lorsque trois ans plus tard, sur l’insistance de Marcel Roger, figure du communisme arrageois, la municipalité fait l’acquisition de la maison où vécut Robespierre de 1787 à avril 1789 et son départ aux États-Généraux à Versailles, l’ARBR imagine obtenir rapidement gain de cause. D’autant que la Ville a acheté cette demeure « en vue de la création d’un musée » ! Léon Fatoux, le maire (PS), trahira pourtant son engagement. Il préfèrera louer ce lieu en piteux état aux Compagnons du tour de France.

Certes, ceux-ci procèderont à sa restauration, mais cet espace ne sera que parcimonieusement ouvert au public. De surcroît, « seuls quelques objets évoqueront Robespierre au grand dam des touristes », rappelle Alcide Carton, le président de l’ARBR. Au départ des Compagnons en 2016, l’ARBR est plus que jamais convaincue que l’« inventeur avec d’autres de la République, méritait dans sa ville natale un endroit qui évoque sa vie et son action ». À cette époque, Alcide Carton soumet au maire Frédéric Leturque (UDI) une pétition en ce sens, riche de 7 000 signatures. Celui-ci comprend bien tout le potentiel économique et touristique qu’il peut en tirer d’autant qu’il a été interpellé sur le sujet à l’autre bout du monde, lors d’un voyage en Nouvelle-Zélande ! Dans une interview accordée, en août dernier, à Libération, le premier magistrat précise enfin ses intentions.L’hiver prochain, le conseil municipal devrait se prononcer sur la création d’un espace muséographique dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement. Son coût, supporté à hauteur d’un tiers par la Ville, est estimé à 800 000 euros. Des lettres signées de l’Incorruptible, un acte de baptême, une assiette à sa gloire pourraient alimenter cet espace. Mais « l’objectif de la municipalité est surtout de repositionner Robespierre dans sa ville natale. Il s’agira moins d’un musée que d’un centre d’interprétation. Pas question de sacraliser Robespierre, ni de le dénigrer, nous sommes plutôt dans une logique d’explication de son rôle pendant la Révolution, en faisant la part belle aux outils numériques », insiste Laurent Wiart, conservateur en charge du patrimoine à Arras. Son contenu sera défini par un comité scientifique notamment composé de Guillaume Mazeau et Hervé Leuwers. « La controverse n’est pas leur propos. Ces historiens font de l’Histoire », se réjouit le président de l’ARBR pour qui les combats (laïcité, liberté d’opinion, égalité sociale, droit à l’éducation et de vivre dignement, etc.) menés en son temps par cette figure emblématique de la Révolution « restent d’actualité ». N’en déplaise à ses détracteurs qui continuent, surfant sur la vague de « deux siècles de mensonges d’État », d’entretenir la « légende noire » de Robespierre présenté comme un tyran sanguinaire, en dépit des travaux « de nombreux historiens actuels de la Révolution qui démontent, depuis une dizaine d’années, ces préjugés », commente Alcide Carton.