Spécialiste de la question juive, Monique Heddebaut (ici à Divion) était l'invitée de l'Université populaire. © Jacques Kmieciak
« Mineurs du monde - Gauheria »

Une aventure mémorielle originale à Lens

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 20 février 2023 à 11:09

Fondée sur les ruines d’une association quasiment éponyme imaginée par Daniel Percheron, l’Université populaire Mineurs du monde Gauheria « comble un vide mémoriel », selon Georges Tyrakowski, son secrétaire général. Rencontre.

À l’heure de l’avènement de Xavier Bertrand (droite) à la tête du conseil régional, les heures de l’Université populaire chère à son prédécesseur socialiste semblent comptées. Privée de la manne financière de la Région, elle aurait pu disparaître corps et âme. C’était sans compter sur l’opiniâtreté d’une poignée de passionnés soucieux de poursuivre cette aventure mémorielle. Leur vœu sera exaucé grâce au soutien financier de l’association Gauheria en déclin après la disparition de Bernard Ghienne, sa cheville ouvrière. En 2017, les efforts conjugués de ces deux entités donnent naissance à l’Université populaire « Mineurs du monde - Gauheria » riche aujourd’hui de 117 adhérents, mais capable d’attirer « de 150 à 200 personnes lors de nos conférences », précise Georges Tyrakowski.

Thématiques élargies

Indéniablement, ces causeries, proposées à raison de neuf par an, contribuent à sa notoriété. Ce jeudi, l’historienne Monique Heddebaut, spécialiste de la question juive en Nord-Pas-de-Calais, était son invitée. « Si, au début, nous proposions des thèmes liés à l’histoire de la mine, nous avons depuis élargi nos champs d’intérêt aux bassins miniers au sens large », poursuit Georges Tyrakowski. Ces derniers mois, les exposés de Christophe Lefèvre (Les Gardes d’honneur de Lorette), Jean-Pierre Kucheida (le gaz de mine) ou encore Jean-Paul Deschutter (la colombophilie) ont séduit un large public au sein de l’Université d’Artois de Lens, dans les anciens Grands Bureaux de la Société des mines de Lens édifiés dans l’entre-deux-guerres. Tout un symbole !

Revanche sur le destin

Georges Tyrakowski tire en effet une légitime fierté « à offrir aux mineurs, leurs compagnes et descendants de côtoyer des universitaires, des étudiants dans cet amphithéâtre. Ici, c’était le château des Houillères. La corporation craignait s’y rendre ». Cette revanche sur le destin est d’autant plus appréciée qu’il y a une trentaine d’années, « la mine, certains ne voulaient plus en entendre parler, alors que le Pas-de-Calais a été le principal producteur de charbon. Des bâtiments ont été rasés, des chevalements détruits. On aurait pu faire mieux », estime Georges Tyrakowski. Et l’auteur d’une lettre mensuelle d’informations prisée par 300 abonnés de regretter le choix de Lewarde comme site du Centre historique minier. Il aurait préféré « Lens, la véritable capitale du charbon alors que Lewarde présente peu d’intérêts. Il n’y a ni corons, ni terrils ».

Les prochaines conférences > Jeudi 16 mars à 18 h 
« Le bassin minier du Donbass en zone de guerre », par Youry Bilak, reporter photographe ukrainien > Jeudi 13 avril à 18 h « Des vignobles dans le Bassin minier ? », par Olivier Pucek, société « Les Vins audacieux » à Haillicourt. > Jeudi 11 mai à 18 h « La résistance ouvrière : le “train des mineurs”, juin 1941 », par Laurent Thiery, historien. > Jeudi 15 juin à 18 h « Les écoles ménagères des HBNPC », par Stéphane Lembré, maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université de Lille.


À la Faculté des sciences Jean-Perrin, Université d’Artois, rue Jean-Souvraz à Lens, amphithéâtre S.25. Entrée libre et gratuite.

Mots clés :

Pas-de-Calais