Je me souviens des ventes de masse, avec notre journal Liberté-dimanche. Au début, il fallait commencer de bonne heure, vers 8 h 30, car même le dimanche les ouvriers ne se levaient pas très tard et le journal était prisé pour ses pronostics pour le Tiercé. Au fil des années, il a fallu commencer plus tard. Le quartier où j’ai commencé à militer était très ingrat avec les communistes et la « vente de masse » s’y réduisait à un tout petit nombre de journaux vendus. Je me rappelle de porte-à-porte dans les collectifs. L’un d’entre nous prenait l’ascenseur jusqu’en haut de l’immeuble et redescendait étage par étage tandis qu’un autre tirait les sonnettes en commençant par le rez-de-chaussée. Je me revois seul sur un palier à la porte d’un appartement, je sonne, à l’intérieur j’entends le bruit d’un aspirateur, celui-ci s’arrête… silence... j’attends devant l’œilleton de la porte en arborant mon journal… les secondes passent, interminables, même la lumière de la minuterie s’éteint et dans l’obscurité... j’entends l’aspirateur qui se remet en route… Ce matin, cette porte ne s’ouvrira pas pour moi. Heureusement, il y avait de nombreux contacts qui s’établissaient, des échanges riches, de très belles rencontres comme cet homme qui me dit : « Vous êtes communiste, je crois que j’ai quelque chose qui peut vous intéresser », et il me remit un sac avec de très vieux exemplaires de l’Humanité et de Liberté du début des années 1950. En rénovant un appartement ancien, il les avait découverts étalés à même le plancher sous un ancien linoléum. Archéologue malgré lui. Au fur et à mesure qu’on approchait de midi, l’atmosphère s’emplissait d’enivrantes odeurs de cuisine... Le repas du dimanche. Aujourd’hui, on distribue des journaux gratuits et quand nous distribuons des tracts dans la rue, nombreux sont ceux qui refusent de les prendre. Pour échanger, ils nous disent qu’ils n’ont pas le temps... qu’avons-nous à inventer pour entrer en contact avec ces personnes avec lesquelles nous voulons changer la vie ??
Des ateliers d’écriture autour des 100 ans du PCF
Publié le 17 juin 2022 à 12:33
Jean-Marie