La Commune chante encore

par PIERRE GAUYAT
Publié le 24 mars 2022 à 19:04

La Commune de Paris est née le 18 mars 1871, il y a 151 ans, du refus des Parisiens de laisser les Versaillais enlever les canons parqués sur la Butte Montmartre. Elle va durer 72 jours avant d’être écrasée par la réaction versaillaise. Elle demeure le premier État ouvrier au monde. L’an dernier, le cent-cinquantième anniversaire de la Commune a vu éclore de nombreuses initiatives politiques, littéraires, artistiques autour de la mémoire des Communards qui ne voulaient pas que Paris soit livrée à la Prusse. Ces événements vont inspirer les poètes et les chansonniers. Des chanteurs contemporains ont repris textes et partitions pour nous proposer un disque fièrement intitulé La Commune refleurira. Cet album rassemble 21 morceaux interprétés par des artistes aussi différents que François Morel, MeliSsmelL, Les Ogres de Barback, Agnès Bihl, HK, Mouss et Hakim ou Francesca Solleville, et bien d’autres. Il est soutenu par Renaud qui a donné un petit texte. Francesca Solleville avait déjà prêté sa voix à l’enregistrement de La Commune en chantant paru en 1971, il y a 50 ans, pour le centenaire de la Commune. On la retrouve sur cet album, comme une passeuse de mémoire entre ces différentes générations de chanteurs engagés. Les artistes reprennent des textes et des airs écrits pendant et après la Commune comme « La Semaine sanglante » de Jean-Baptiste Clément (également auteur du « Temps des cerises »), mais aussi des extraits du roman La Débâcle d’Émile Zola, des poèmes d’Arthur Rimbaud ou de Victor Hugo, un texte de Jules Vallès et un autre de Louise Michel. La figure de chansonnier la plus connue est celle d’Eugène Pottier (dont neuf chansons figurent dans l’album) le célèbre auteur des paroles de « L’Internationale », écrite à Paris pendant la Semaine sanglante à la fin de la Commune, mise en musique par le compositeur lillois Pierre Degeyter, une quinzaine d’années plus tard, et qui aura le retentissement que l’on sait. Mais la Commune ce n’est pas uniquement à Paris, car les Communes vont se multiplier en province, notamment dans le sud de la France, c’est ce que rappellent deux chansons en occitan. Ce disque souligne aussi tout ce que notre époque doit à la Commune comme la séparation des Églises et de l’État, l’école laïque, gratuite et obligatoire, la démocratie, le droit des travailleurs et leur protection, l’émancipation des femmes et l’égalité des salaires. Ces questions restent d’actualité tant les possédants n’admettent jamais les progrès sociaux et politiques sans les remettre en cause en permanence. Ce bel album propose de nombreuses chansons connues avec les interprétations et les arrangements novateurs et joyeux de chanteurs venus d’horizons artistiques différents mais qui se retrouvent dans leur volonté de rendre hommage à la Commune et à son héritage, encore bien vivant de nos jours. « La Commune n’est pas morte ! » dit la chanson d’Eugène Pottier, la preuve, on la chante encore !

La Commune refleurira, label IRFAN, octobre 2021, 11,99 €.