Dans l’objectif de Mina

C’est un inestimable trésor iconographique qui est exposé au Mémorial de Souchez jusqu’en juin. Une approche intimiste de la Première Guerre mondiale, loin des tranchées, suggérée par l’Office de tourisme de Lens-Liévin. Cette initiative est l’heureuse conséquence d’un échange entre Thierry Dondaine et Régina Labitte alias Mina, la grand-mère de son épouse d’alors. Nous sommes au milieu des années 1980. Celle-ci apprend à ce passionné de photographies anciennes qu’elle conserve dans le grenier pas moins de 600 images sur plaques de verre. Des photos prises dans la cour de ses parents à Bourecq durant la Grande Guerre par cette couturière alors âgée d’une vingtaine d’années. Autant de clichés développés par ses soins que Thierry Dondaine, à la tête de l’association Déclencheurs de mémoires, a pris soin de numériser. Des civils, des femmes surtout, un maigre sourire aux lèvres, pour mieux dissimuler une anxiété bien légitime ? Des militaires de toutes nationalités aussi : des Britanniques, des Portugais, des Chinois, souvent sérieux, parfois goguenards, savourant un moment de repos dans ce village du Lillérois situé sur la route des tranchées. Autant d’anonymes qui posent, les uns pour leurs proches envoyés au front, les autres pour leurs familles restées au pays. « Nous supposons qu’elle se faisait payer une petite somme pour s’offrir des équipements. Il était rare à l’époque que des gens d’origine modeste possède un appareil photographique. Pour une raison que nous ignorons, elle ne poursuivra pas son activité après la guerre », révèle Émeline Druelle, commissaire de l’exposition.