© Jacques Kmieciak

Ambroise Châtelain au crible de l’Histoire

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 29 décembre 2021 à 17:36

Comme Marcel Grébaut de Cauchy-à-La-Tour ou Urbain Diolé de Burbure, Ambroise Châtelain subit de plein fouet la répression orchestrée par la IIIe République puis le régime de Vichy unis dans leur haine du soviétisme. Les communistes de Divion souhaiteraient reconstituer l’itinéraire d’un homme qui présida aux destinées de cette ville de 1945 à 1947.

« La section PCF de Divion enquête sur Ambroise Châtelain », commente Émeline Delplanque, l’une de ses animatrices. C’est elle qui a lancé l’appel sur la page Facebook du parti suite à une conférence donnée, en novembre dernier, par l’historien Georges Sentis à Cauchy-à-La-Tour. C’est dans cette ville de l’ouest du Bassin minier qu’est né Ambroise Châtelain en 1893.

Fidèle à l’URSS

Adolescent, Ambroise Châtelain embrasse une carrière de houilleur. Un esprit libertaire, un caractère bien trempé, son franc parler lui valent les gémonies de la compagnie des Mines de Ferfay. Après la Grande Guerre, il gagne les mines de la Clarence. À Divion, cet homme épris de justice prend la tête de la section unitaire (CGTU) de la Clarence. Il reconstitue, dès 1932, la cellule de Camblain-Châtelain/Divion du Parti communiste. Parallèlement, pour arrondir ses fins de mois, cet ouvrier à la tête d’une famille nombreuse tient, rue Eugène-Kleinhans dans le quartier du Transvaal, un café baptisé « À l’Arbre sans tête ». Sa popularité est telle qu’il intègre le conseil municipal, puis est élu délégué-mineur en 1938. Refusant de renier son idéal après la signature du traité de non-agression germano-soviétique d’août 1939, il est déchu de son mandat d’élu local en février 1940. Arrêté en mars de la même année, il est interné au fort de Seclin puis dans différents camps de l’Hexagone, avant d’être déporté, par les autorités de Vichy cette fois, dans le bagne de la Redoute de Bossuet en Algérie. Nous sommes en mars 1941. Son retour en France ne sera effectif qu’en octobre 1944. Il apprend alors la disparition de son fils Marty, un résistant FTP fusillé par l’occupant à la citadelle d’Arras.

Quid de son activité en Algérie ?

« On sait peu de choses sur son activité en Afrique du Nord une fois qu’il sera libéré du camp au printemps 1943. Y a-t-il poursuivi ses activités politiques et syndicales à l’instar du député Henri Martel ? » se demande Georges Sentis qui a consacré un ouvrage à ces « indésirables », communistes, brigadistes internationales ou républicains espagnols déportés en Algérie. Lorsqu’il est revenu en Artois, « il était très affaibli. On parlait peu de cette histoire à la maison. Notre famille a beaucoup souffert. Lorsqu’il a été arrêté, sa femme est restée seule avec dix enfants », souligne Marty Châtelain, son petit-fils. Ch’Cafara comme il était surnommé en patois en raison peut-être de ses talents de guérisseur, sera maire de Divion de 1945 à 1947. Il habitait 13, rue H à la cité de la Clarence. Il s’est éteint en 1952. « Nous recherchons des photos d’Ambroise, des témoignages sur son action au service de la commune, ainsi que des documents relatifs à son activité (coupures de presse, tracts, etc.) », indique Émeline Delplanque soucieuse de rendre hommage à un homme dont le courage et l’abnégation sont de nature à inspirer des jeunes générations de militants.

Contact : page Facebook @pcfdivion.