Mai-juin 1940 : le Nord et la Picardie en première ligne

Dynamo, les troupes britanniques rembarquent

par Franck Jakubek
Publié le 29 mai 2020 à 17:22

Les plages du littoral dunkerquois sont parmi les plus longues d’Europe. De Malo-les-Bains à la Belgique, entre la mer et le cordon dunaire, c’est une balade agréable en toutes saisons pour le marcheur aguerri. Aux grandes marées, certaines épaves affleurent et, dans les dunes, les vestiges du mur de l’Atlantique nous ramènent fatalement au cœur de l’histoire.

En mai 1940, la chaleur est là. Et l’horreur aussi. Les Allemands ont déployé des centaines de canons autour de la ville qui l’arrosent en continu de centaines d’obus. La Luftwaffe [1]mène des raids incessants sur la plage, les installations portuaires, les habitations. Des centaines de milliers d’hommes de l’armée britannique ont reçu l’ordre de rallier la cité de Jean-Bart pour attendre leur embarquement vers l’Angleterre. Le 28 mai, il n’y plus d’autre issue que le bateau pour quitter Dunkerque. Les forces françaises sont déployées pour maintenir le plus possible les troupes allemandes à distance. En quelques jours, du 26 mai au 3 juin, ce seront plus de 338 000 hommes, dont 120 000 Français, qui traverseront le channel pour pouvoir continuer la guerre contre l’Allemagne nazie.

Le sacrifice des soldats français

L’enjeu est bien là. 400 000 hommes sont coincés dans la poche de Dunkerque. Depuis le 20 mai, les forces alliées sont coupées en deux par l’avance des chars allemands. Et le combat des hommes se double d’un choix politique où, en même temps, certains tentent de négocier la paix avec le chancelier Hitler, et d’autres, comme Churchill qui vient d’être nommé Premier ministre en Angleterre, sont certains que la poursuite du combat est une obligation. La propagande de Vichy se servira longtemps de l’attitude des Britanniques pour justifier sa politique de collaboration, arguant de l’abandon des Alliés. Une tension qui sera exacerbée avec l’épisode de Mers el-Kébir [2]. Navires de guerre, bateaux de pêche ou de plaisance, tout ce qui flotte est sollicité. Pour que la plus grande évacuation de tous les temps puisse se réaliser en un temps record, les soldats belges se battent pied à pied sur les rives de la Lys. Un fort contingent de l’armée française, encerclé dans Lille, retarde une grande partie des forces allemandes. Autour de Dunkerque, les soldats français ont pour ordre de tenir jusqu’à la fin de l’évacuation. À Boulogne-sur-Mer, les Français retranchés dans la Haute Ville retardent l’avance allemande. 35 000 à 40 000 Français, constituant l’arrière-garde chargée de protéger jusqu’au bout le rembarquement, sont faits prisonniers le 4 juin au matin. Les canons, par milliers, sont restés en France. Comme la totalité des véhicules de toutes sortes qui jonchent les routes, les plages. Des centaines de bateaux ont coulé, frappés par les bombes des Stukas. La British Expeditionary Force (BEF) [3] est pourtant évacuée. Ce choix stratégique essentiel permettra à la Grande-Bretagne de poursuivre la guerre, pratiquement seule désormais face au Reich Allemand quand Pétain décidera de cesser le combat. La réussite de l’opération Dynamo et l’évacuation de près de 400 000 soldats donna un coup de fouet au moral des insulaires qui allaient devoir faire face ensuite à la bataille d’Angleterre et aux bombardements.

Musée Dunkerque 1940 - Opération Dynamo [fermé actuellement] : Courtine du Bastion 32, rue des Chantiers de France, à Dunkerque. Infos : 03 74 06 02 81 ou sur dynamo-dunkerque.com.

Notes :

[1L’armée de l’air allemande.

[2En juillet 1940, la Royal Navy attaque la flotte française amarrée à Mers el-Kébir par crainte de voir les Allemands s’emparer des navires de guerre. L’attaque fera 1 300 morts parmi les marins français.

[3Corps expéditionnaire britannique, l’ensemble des troupes envoyées combattre en France par le Royaume-Uni.