Un film sur Vasil Porik projeté à Grenay

En hommage à la Résistance intérieure et étrangère

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 8 juillet 2022 à 12:51

Dans le cadre d’un « ciné sandwichs », la municipalité de Grenay a présenté Prisonniers de Beaumont. Une fiction qui s’inspire du combat mené par le résistant soviétique Vasil Porik [1]. Elle envisage d’en acquérir les droits de diffusion dans l’Hexagone.

Réalisé par Yuri Lysenko et diffusé à la télévision soviétique au début des années 1970, ce film n’avait certainement encore jamais été projeté en France. Christian Champiré, maire (PCF), a pris la décision d’en financer le sous-titrage en français. Non seulement pour rappeler le rôle de la Résistance intérieure, communiste notamment, dans la libération de l’Artois, mais aussi pour célébrer « l’engagement des étrangers contre le nazisme ».

Une histoire méconnue

De 1942 à 1944, le IIIe Reich achemine vers les mines du Nord-Pas-de-Calais environ 8 000 requis ukrainiens et prisonniers de guerre soviétiques, répartis dans une dizaine de camps. Lieutenant de l’Armée rouge, Vasil Porik, est déporté à Beaumont-en-Artois. Il s’en évade et prendre la tête d’un groupe de résistants FTP en lutte armée contre l’occupant. « Il est le seul combattant soviétique en France à avoir été élevé au rang de “héros” par l’URSS  », rappelle Sergueï Dybov, le président de l’association Mémoire russe. En 1944, « il était hébergé à Grenay par Jeanne et René Camus, un couple de résistants », informe Christian Champiré.

Pour une diffusion large

« Avec un Porik aux allures de Che Guevara, ce film reprend les canons du héros révolutionnaire de l’époque. Il reste cependant dans la veine du cinéma populaire et d’évasion américain des années 1950-60, avec un rôle central accordé au héros », commente Thomas Vallois, programmateur aux Rencontres audiovisuelles à Lille. Parmi les spectateurs, Alcide Carton se dit sensible à la manière « dont les Allemands sont traités dans toute leur brutalité ». Fille de déportée soviétique, Annie Baeyens se félicite « de la façon dont les femmes sont ici mises en avant ». La fiction tend cependant à s’affranchir de la réalité historique. « C’est étonnant la façon dont cette histoire est racontée. La fin n’est pas tragique alors qu’on sait que Vasil Porik a été fusillé par les Allemands à la citadelle d’Arras. Il faudrait interroger les auteurs pour en connaître les raisons. Mais c’est toute la magie du cinéma », tempère Christian Champiré. La Ville souhaiterait acquérir les droits de diffusion « pour en faire profiter d’autres » à l’heure du 80e anniversaire de l’ouverture de ces camps.

Notes :

[1À lire : Vasil Porik Un guérillero soviétique au cœur du « Pays noir », par Jacques Kmieciak avec Grégory Picart, édité par la Ville de Grenay avec le soutien de Geai Bleu Editions. Rens. au 06 74 53 80 75.