© Pierre Chéret
Stèle du Dahomey à Montigny-en-Gohelle

Un projet de valorisation à l’étude

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 3 juin 2022 à 13:21 Mise à jour le 2 juin 2022

Sur l’ancienne carreau de la fosse 7, un hommage a été rendu aux mineurs qui, lors de la « Grande Grève patriotique de mai-juin 1941 », ont défié le patronat et l’occupant nazi.

Ce samedi 28 février, au pied de la stèle du puits du Dahomey érigée en souvenir de ce mouvement social d’ampleur, Pierre Chéret, président de l’Association des déportés, internés, résistants et patriotes (Adirp) du Pas-de-Calais, explicite ses causes. Au cœur d’un Bassin minier occupé, les Houillères se sont placées au service de la machine de guerre teutonne. La corporation minière est soumise à d’exécrables conditions d’existence. Allongement de la durée du travail, augmentation des cadences, blocage des salaires, multiplication des brimades… L’exaspération est à son comble quand débute la grève le 27 mai 1941 à la fosse 7 de Montigny-en-Gohelle à l’instigation du communiste Michel Brûlé. Les mineurs revendiquent « du pain et du savon » ! La grève s’étend jusqu’au 10 juin à l’ensemble du « Pays noir » sur des mots d’ordre hautement patriotiques (« Pas de charbon pour les Boches ! »). Au plus fort du mouvement, 100 000 mineurs auront cessé le travail d’Auchel à Condé-sur-l’Escaut. Les compagnies cèdent en partie sur les salaires et le ravitaillement. La répression s’avère implacable. « 244 mineurs seront déportés en Allemagne. 130 y laisseront leur vie », précise Pierre Chéret.

Un haut lieu de la mémoire régionale

Ce dernier évoque alors le projet de valorisation du puits du Dahomey, mené de concert avec la municipalité. « Il est en cours de réflexion. Un panneau y retracera l’historique de cette grève. On travaillera aussi sur la signalétique », assure Marcello Della Franca. Et le maire de Montigny-en-Gohelle d’espérer la réhabilitation du site pour 2023. Il s’agira d’en faire « un des points centraux de la mémoire de la résistance des mineurs et des populations du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, un lieu utile à la transmission des valeurs de la Résistance », complète Pierre Chéret.

Résister toujours

Après que Raymond Frackowiak (CGT mineurs) eut à déplorer le fait que cette grève ne figure toujours pas dans les programmes scolaires en dépit des promesses du gouvernement, Gianni Ranieri revint sur le parcours de Michel Brûlé. Contraint à la clandestinité, celui-ci rejoint l’Organisation spécial de combat (OSC) et multiplie les actes de sabotage. Arrêté, il est exécuté le 14 avril 1942, à l’âge de 28 ans. À l’heure « où tout ce que nos aïeux ont obtenu, est remis en cause et où l’extrême droite n’a jamais été aussi forte », Gianni Ranieri, à la suite de Lucie Aubrac, rappelle que « le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent ». Et ce militant communiste de 22 ans d’inviter la jeunesse « à s’engager pour défendre ses droits, pour l’égalité de toutes et de tous. C’est à nous, les jeunes, d’écrire le futur afin que celui-ci rime avec espoir ».