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Après le refus d’un référendum, la balle est dans le camp des parlementaires

par Philippe Allienne
Publié le 5 mai 2023 à 11:42

Évidemment, la décision du Conseil constitutionnel de ne pas valider la demande de référendum d’initiative partagée n’est pas une surprise. Ces derniers jours, plus grand monde n’y croyait. Pour autant, les organisations syndicales réaffirment leur volonté de ne pas relâcher la pression et de poursuivre leur action dans l’unité. La prochaine mobilisation, le 6 juin, servira encore à montrer leur détermination, ainsi que celle des représentants politiques opposés à la réforme, et leur désir de voir aboutir la proposition de loi, présentée deux jours plus tard, par le groupe Liot. Il leur faudra aller plus loin et là aussi, rien ne semble entamer leur exigence de retrait de cette réforme. De leur côté, les parlementaires qui seront interpellés annoncent déjà, au moins dans les rangs de la Nupes, qu’ils seront très attentifs à leurs demandes. C’est éminemment important. Car derrière la manière dont le président Macron impose son texte, il faut comprendre pourquoi il parvient ainsi à se placer frontalement face à l’unanimité des syndicats, face à une immense majorité de Français qui refusent que l’on touche au départ en retraite au-delà de 62 ans, et qui insistent sur la pénibilité au travail, la difficulté d’emploi pour les seniors, etc. Dans ces conditions, comment Emmanuel Macron et le gouvernement vont-ils être en mesure de persister dans leur conduite à sens unique, sans entendre la rue ? Le caractère anti-démocratique de la Ve République et son inadaptation à la société actuelle ne font plus de doute. Le mépris et la violence ne peuvent continuer à servir ainsi le pouvoir. Les autres réformes annoncées, comme le RSA nouvelle formule, la loi travail, la poursuite de la casse des services publics, la loi asile et immigration, seront imposées de la même façon. Tout cela sur fond d’ubérisation de la société, de précarisation, d’attaque contre les garanties sociales. Les parlementaires ont vu comment l’on peut se passer d’eux. Ils sont un maillon essentiel pour faire bouger les choses. Ce sera tout l’enjeu du 8 juin, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Contrairement à cette petite musique que diffusent les médias dominants, le Rassemblement national ne saurait être une alternative au président des riches. Le parti de Marine Le Pen, en dépit de ce qu’il essaie de faire croire, n’est jamais du côté des travailleurs. Dans le processus de la lutte des classes, il se range toujours du côté du capitalisme. Il n’est pas un parti d’opposition mais un parti de rechange au libéralisme macronien. Si les capitalistes préfèrent Macron au pouvoir, ils n’hésiteront pas à choisir l’option RN s’ils se sentent en insécurité, si la période est trop instable. Pourtant, l’espoir est grand de trouver une porte de sortie à la situation actuelle. Le mouvement social engagé au début de cette année, et alors que le pouvoir croyait les Gilets jaunes disparus, montre que la lutte des classes ne fait pas partie du passé. Elle s’est renforcée.