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Avec Macron, tout dans le slip

par Philippe Allienne
Publié le 14 juillet 2022 à 16:26

Particulièrement agacé par l’enquête et les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation, le président de la République ne s’en montre pas moins odieux et vulgaire. Empruntant (mal) au président Chirac, il a lancé à l’issue d’un déplacement à Crolles, dans l’Isère, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, je vous le dis en toute franchise ». Chirac avait au moins le talent de la répartie. Ici, Emmanuel Macron aurait pu éviter cette histoire de slip qui n’arrangera pas sa popularité. Le Slip, c’était le Syndicat des livreurs parisiens. Le sigle étant un peu lourd à porter, il est très vite devenu le Clap (Collectif des livreurs autonomes de Paris). Il n’empêche, c’est à de très nombreux travailleurs précaires, et qui s’organisent, qu’il s’est attaqué en favorisant l’implantation en France de l’Américain Uber et en utilisant, pour ce faire, sa position de ministre de l’Économie. Il revendique aujourd’hui haut et fort avoir œuvré pour la création d’entreprises et d’emplois pour des jeunes des « quartiers difficiles ». Encore une expression malheureuse qu’il aurait pu éviter. L’arrogance de M. Macron n’a pas de borne. Mais son argumentation demeure faiblarde. D’autant qu’il n’en est pas, loin s’en faut, à sa première prise de libertés avec la législation de ce pays. On se souvient de l’affaire Alstom qui avait financé des prestataires que l’on retrouve ensuite dans la campagne présidentielle de 2017. On ne saurait oublier, tant le dossier est tout chaud, l’affaire du bureau d’études McKinsey, ses prestations gratuites pour la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron et, au final, les juteux contrats qu’il a récupérés. Cette fois, on va plus loin que des soupçons de corruption et de délit de favoritisme. Comme l’écrit l’avocat Régis de Castelnau, « on tutoie les sommets ». Si le président semble prendre à la légère les accusations portées contre lui, il paraît clair qu’il se soit essuyé les pieds sur le code pénal en se livrant à du trafic d’influence. Le travail de lobbying et occulte auquel il s’est livré pour favoriser l’implantation d’Uber ne peut laisser de doute. En tant que ministre de l’Économie, il a usé de son influence pour obtenir des décisions favorables. Il a défendu des intérêts privés, allant délibérément contre l’orientation du gouvernement dont il était l’un des membres les plus importants. Cela est punissable de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 euros. S’il est pour l’heure protégé par son mandat présidentiel, il peut s’attendre à traîner ce nouveau boulet durant tout son quinquennat. Il serait normal qu’il soit entendu et qu’il s’explique.