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Bonne année, tout de même !

par Philippe Allienne
Publié le 30 décembre 2021 à 20:12 Mise à jour le 31 décembre 2021

La gestion de la crise sanitaire ne constituera certainement pas le meilleur souvenir du gouvernement Castex. Pas plus d’ailleurs que pour le gouvernement précédent d’Édouard Philippe. Hésitations, communication hasardeuse, impression de flou, menaces… Depuis le 27 décembre, nous voilà donc partis vers une logique de vaccination obligatoire qui se cachera derrière la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Il y a largement de quoi raviver la méfiance et la colère à la fois des anti-vax et des anti-passe. Il apparait clair que le Covid et ses virus mutants vont nous pourrir la vie encore longtemps. Les « vagues » n’ont sans doute pas fini de se succéder et les rappels de vaccination ne vont pas s’arrêter à une troisième, voire à une quatrième dose. L’impossibilité d’anticiper sur l’évolution de la pandémie crée la peur. Qu’est-il besoin d’ajouter de la suspicion et de l’angoisse avec une obligation vaccinale ? On voit déjà comment certains politiques s’emparent de l’affaire en prônant, par exemple, une médecine à deux vitesses : les malades non vaccinés paieront, les malades vaccinés continueront à bénéficier de la protection sociale. Une telle proposition, fort heureusement rejetée, vient d’être faite par le député LR du Nord, Sébastien Huyghe, qui voulait instaurer une franchise sur les frais de maladie à payer pour les personnes non vaccinées et contaminées par le Covid. C’est bien le danger que cache le passe vaccinal : la création de deux catégories de citoyens : les vaccinés et les non vaccinés. Avec évidemment la transformation des seconds en boucs-émissaires. C’est essentiellement pour cette raison que les parlementaires communistes et insoumis ne voteront pas le texte qui sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 3 janvier puis au Sénat à partir du 5 janvier. Il serait bien plus essentiel, pour le gouvernement, de se pencher sérieusement sur la situation catastrophique des hôpitaux et des personnels soignants, d’une part, et sur la levée des brevets détenus par les grands laboratoires, d’autre part. De toute façon, rien ne pourra être réglé tant que l’ensemble des habitants de la planète n’auront pas accès à la vaccination. En raison de cette crise sanitaire et de sa gestion par le gouvernement, avec ses tentations autoritaristes, les Françaises et les Français ont passé une triste année 2021. Pourtant, la pandémie et les polémiques autour des passes et de la vaccination ne sont pas les seules raisons ni les seuls dangers susceptibles de nous inquiéter. La situation sociale, les reculs en matière de services publics, les atteintes à notre système de protection sociale, les menaces contre nos libertés (nous pensons par exemple à la loi Sécurité globale ou à celle sur le séparatisme) sont autant de signaux défavorables qui doivent interroger nos consciences. Il en est d’autres encore. L’arrivée d’Éric Zemmour dans la campagne pour la présidentielle n’est que l’arbre qui cache la forêt. Le racisme décomplexé qu’il affiche, le repli identitaire qu’il défend, la violence qu’il promeut sont évidemment épouvantables. Il n’est pas seul. Marine Le Pen, bien sûr, reste plus que jamais en embuscade. La droite dure qui relève la tête n’est pas plus rassurante. À quel avenir peut-on rêver dans un monde où l’on méprise les pauvres et où des personnes qui n’ont d’autre choix que l’exil peuvent souffrir et mourir dans l’indifférence quasi-générale ? À quoi peuvent rêver les jeunes quand on leur bouche tout horizon ? En regardant vers les mois qui s’ouvrent, souhaitons-nous une bonne année. Certes. Mais soyons surtout très vigilants à l’égard de ces aigles noirs qui menacent notre société et notre démocratie.