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Borne to be alive, or to kill ?

par Philippe Allienne
Publié le 19 mai 2022 à 22:58

C’est fait. Emmanuel Macron a nommé sa Première ministre. La première de la Ve République si l’on tient compte du fait qu’Édith Cresson avait été la première femme Premier ministre. Un « e » durement acquis 31 ans plus tard. Édith Cresson ne s’est d’ailleurs pas gênée pour tirer à boulets rouges sur le machisme en politique et rappeler les boules puantes nombreuses et sexistes qui lui ont été envoyées durant ses dix mois et 18 jours à Matignon. « Ce n’est pas le pays qui est machiste, c’est sa classe politique. Ce sont les mêmes attaques qu’aujourd’hui. On me prêtait des propos que je n’avais jamais tenus, on me lançait des critiques permanentes, on faisait des commentaires sur ma tenue vestimentaire », déclarait-elle à la veille de la nomination d’Élisabeth Borne. Au moins sommes-nous certains que cette dernière nous épargnera les anathèmes bébêtes contre les « fourmis » japonaises et homophobes contre l’homosexualité prétendument régnante dans les pays anglo-saxons. Pour le reste, c’est-à-dire l’action gouvernementale, nous ne pouvons rien attendre de bon. Certes, nous fait-on savoir, le pire a été évité avec la nomination de la droitière Catherine Vautrin. Pure stratégie en fait, soufflée par les proches d’Emmanuel Macron qui craignaient envoyer un mauvais signal aux Français et surtout à l’opposition de gauche. Exit Mme Vautrin, entrée applaudie de Mme Borne qui dédie sa promotion aux petites filles. Femme, loyale, bosseuse et… issue de la gauche. Le chef de l’Élysée ne saurait rêver mieux. Celles et ceux qui la connaissent savent à quel point elle est tenace et dure avec ses équipes. Une tueuse en quelque sorte, et certainement pas de gauche Nous savons, outre celui de la transition écologique, quels chantiers attendent cette technocrate et avec quelle pugnacité elle saura s’y attaquer. Elle l’a fait précédemment avec la réforme de la SNCF puis avec celle de l’assurance-chômage. Elle peut à présent démolir le système de retraite en cassant les régimes spéciaux et en imposant la règle des 65 ans. Exactement comme le veut Emmanuel Macron. Nous n’attendrons pas davantage de bonnes nouvelles pour les services publics déjà bien abîmés, pour la santé, pour l’enseignement, etc. Mme Borne saura choisir les « bons » ou « bonnes » ministres pour assurer efficacement le travail de casse entamé depuis si longtemps. Une seule question peut se poser à ce jour. La Première ministre n’a jamais été élue. Or, son arrivée à Matignon ne l’empêche pas de maintenir sa candidature aux élections législatives dans le Calvados. Si jamais le scrutin ne lui était pas favorable, en juin, son fauteuil à Matignon deviendrait sans doute éjectable. Autant prédire un raz-de-marée de la gauche rassemblée.