Les campagnes électorales sont lancées. Campagne pour les élections régionales, campagne pour les départementales, campagne pour la présidentielle. On parle encore peu des législatives, mais cela vient. Sur fond de déconfinement, de réouverture des terrasses et salles de spectacle, de perspectives estivales et de victoires sportives, on pourrait donc croire assister à un fourmillement d’idées et de débats politiques. Sauf que, pour paraphraser la publicité gouvernementale sur la vaccination et la nécessité de rester attentif aux gestes barrière, « ce n’est pas encore la réalité ». Le sera-ce d’ailleurs un jour ? Plus d’une semaine après la manifestation des policiers, à Paris, on continue de gloser autour d’une question devenue non essentielle : fallait-il ou non y aller ? Tout a été dit sur le sujet. Fabien Roussel, maintes fois interrogé par les médias, n’a eu de cesse d’expliquer sa position en montrant la sincérité de son ancrage, de son écoute des classes populaires. Pourtant, la polémique rebondit de la manière la plus stupide et la plus inintéressante. Le duel Audrey Pulvar-Gérald Darmanin a ceci de lamentable qu’il polarise les esprits sur le seul sujet qui mobilise le gouvernement et son ministre de l’Intérieur : il leur faut absolument un face à face Macron-Le Pen au second tour de la présidentielle. Il serait avantageux pour eux que le spectre de l’extrême droite hante la campagne des régionales et des départementales. La ridicule menace ministérielle d’attaquer la candidate socialiste en diffamation pour ses propos sur la manifestation policière ne tendait qu’à la discréditer auprès de sa propre famille politique. Balayons, rendons le champ libre pour que rien ne change, telle est l’intention de Gérald Darmanin qui, par la même occasion, rappelle son attachement aux idées viriles. Sur le terrain des campagnes territoriales, hors Paris, les projets commencent heureusement à poindre et à être défendus. Les conditions pour défendre publiquement des idées demeurent toutefois très contraignantes pour ne pas dire contrariantes. L’empêchement de Clémentine Autain de tenir meeting à Montreuil-sous-Bois en donne un exemple frappant. Plus près de nous, dans les Hauts-de-France, on peut regretter que les candidats soient amenés à s’autocensurer. Ainsi, le premier débat sur les régionales qui aurait pu permettre aux sept candidats de se confronter en aura laissé plus d’un sur sa faim. À l’exception de trois d’entre elles (LO, Debout la France et Pace), les têtes de liste ont préféré se faire remplacer. C’est vrai pour le président sortant, c’est vrai pour LREM (et ses nombreux ministres parachutés), pour l’union de la gauche et pour le RN. La démocratie ne vaudrait-elle plus une grand-messe ?
Campagnes
Publié le 28 mai 2021 à 11:24