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Des lendemains qui ne chantent pas

par Philippe Allienne
Publié le 29 avril 2022 à 10:56

« Quelqu’un qui est attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive. » Tel est le portrait-robot du futur chef du gouvernement que vient dessiner Emmanuel Macron. Mais bien malin qui saura anticiper sur qui sera nommé. Un homme ? Une femme ? Une prise chez les verts ou au PS ? Une personnalité de droite ? Le président a toutes les raisons de prendre son temps. La mobilisation du 1er mai, les négociations entre les partis de gauche et les écologistes en vue des législatives, l’initiative du maire de Montreuil envers ses collègues progressistes, sont autant de variables qui pourraient peser dans la balance. Le second quinquennat sera différent du premier, promet le locataire de l’Élysée. En quoi ? Faut-il voir dans le profil annoncé un renouveau de sa politique ? Sur le plan environnemental, peu y croient. La faute à son inaction ces cinq dernières années. Sur la question productive, on peut s’interroger sur ses véritables intentions. À moins d’avoir en tête un plan pour véritablement réindustrialiser le pays. On sait qu’il est bien plus difficile de faire revenir une industrie délocalisée que de la laisser partir. Reste la question sociale. La réforme des retraites telle qu’elle a été très rapidement évoquée (65 ans finalement négociables à 64 !) n’augure rien de bon. D’autant que l’ombre du 49.3 plane malgré la faute politique dont son utilisation accoucherait. En tout cas, les futurs retraités ont du souci à se faire. Concernant le pouvoir d’achat dont il a tant été question durant la campagne, il est là encore difficile de se faire des illusions. Une prime n’est pas une augmentation de salaire. Deux points restent sur lesquels on attend le président et son futur gouvernement : le grand âge et la santé. Sur le premier, le fait de vouloir lier la réforme (attendue depuis cinq ans) à celle des retraites laisse là encore nos illusions - s’il en était - dans le bas du fossé. Quant à la santé, le mal-être du personnel soignant ne semble pas près de trouver une issue heureuse. Deux faits, ces dernières semaines, laissent tout à craindre. À Nevers, les 14 sages-femmes du centre hospitalier ont été en arrêt maladie plusieurs jours en raison d’un burn-out collectif. Pour des raisons de rentabilité, la direction a décidé de recentrer les sages-femmes sur leur cœur de métier : les accouchements. Et l’effectif de 25 salariées a été réduit à 14. Pendant leur arrêt maladie, le ministère de la Santé a été contraint de faire appel à des volontaires de la réserve sanitaire. Mais le sous-effectif demeure et l’hôpital ne parvient plus à recruter. Autre fait relevé : à Chinon, une unité psychiatrique était montrée en exemple en raison de la bienveillance et de l’humanité avec laquelle les patients étaient traités. C’était trop beau. La direction a décidé de réorganiser le service, c’est-à-dire de réduire l’effectif soignant. Avec en filigrane la maltraitance que subiront les patients. Par-delà les coups de communication, le monde de la macronie aura bien du mal à tenir ses vagues promesses de changement.